Dimitri Fourny condamné à 12 mois de prison avec sursis et une inéligibilité de dix ans
L’ancienne étoile montante du CDH (devenu Les Engagés) a été condamnée pour faux et usage de faux. Les chefs d’accusation d’abus de confiance, d’escroquerie, et d’association de malfaiteurs n’ont pas été retenus.

Il a eu beau clamer son innocence dans le dossier et baser son argumentaire sur le fait que la fraude électorale avait été organisée sans son consentement, l’ancien bourgmestre de Neufchâteau (2012-2019), Dimitri Fourny n’a pas été entendu par la justice montoise puisqu’il a été condamné à une peine de 12 mois de prison et à 16.000 euros d’amende, le tout assorti d’un sursis de cinq ans et d’une inéligibilité de dix ans. Cette décision judiciaire met donc un terme à la carrière de l’ancienne étoile montante du CDH, chef de groupe au parlement wallon de 2014 à 2019 et un temps évoqué comme ministrable. Pour Dimitri Fourny, cependant, cette sanction avait déjà été anticipée, lui qui avait tourné la page politique et communale en 2021 en élisant domicile dans une autre commune du sud Luxembourg.

Le tribunal correctionnel de Mons avait été saisi de cette fraude électorale qui remonte aux élections communales de 2018 lors desquelles des irrégularités avaient été constatées, à savoir des fausses procurations au sein du home «  Le clos des seigneurs  », géré par le CPAS de Neufchâteau. Le parquet de Neufchâteau avait alors ouvert une enquête, aboutissant à l’inculpation de 23 personnes, dont le bourgmestre Dimitri Fourny, pour faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie et dirigeant d’association de malfaiteurs. L’élection, qui avait débouché sur la victoire de la liste du bourgmestre pour seize voix, avait été invalidée, les électeurs devant retourner aux urnes huit mois plus tard. Les deux leaders chestrolais (Dimitri Fourny et Yves Evrard) étant renvoyés dos à dos avec neuf sièges chacun lors de la deuxième élection, c’est la troisième liste (3e Piste) qui décida du sort du bourgmestre en s’alliant avec Yves Evrard.

Le tribunal de Mons a reconnu Fourny coupable de six faux et usages de faux (étant acquitté pour les autres usages de faux) mais a abandonné les charges d’abus de confiance et d’escroquerie, la circonstance aggravante d’associations de malfaiteurs n’étant pas établie. Selon le tribunal, qui a analysé, minute par minute, les contacts entre les différents protagonistes dans le cabinet du bourgmestre, le matin du scrutin, l’intéressé ne pouvait ignorer, en tant que bourgmestre et avocat, qu’il avait délibérément bafoué la loi en remettant à ses proches, le matin du scrutin, des procurations pour lancer une chasse aux votes dans la maison de retraite où il savait que les gens étaient en état de faiblesse. «  Les faits sont d’autant plus graves qu’il a trahi la confiance des électeurs, alors qu’il était bourgmestre  », lit-on dans le jugement.

Francine Bossicart, l’ancienne conseillère du CPAS, a écopé d’une peine de six mois de prison et une amende de 8.000 euros alors qu’Anne Noël, la directrice de la maison de repos «  Le clos des Seigneurs  », qui était au courant de la chasse aux votes dans son établissement, a été condamnée à une peine de travail de 50 heures et une amende de 400 euros.

La cité de Neufchâteau va pouvoir désormais définitivement clore les années Fourny et tourner l’une des plus sombres pages de son histoire locale. La fraude et la querelle entre Fourny et Evrard avaient en effet pollué la dernière décennie, la dernière législature, largement influencée par le cheminement judiciaire, ne faisant pas exception. Trois bourgmestres (Fourny jusque 2020, Michele Mons delle Roche de la liste d’Yves Evrard, et François Huberty de la liste Fourny) se sont en effet succédé ces quatre dernières années. Cependant, l’arrivée, en novembre 2021, d’Huberty, à la personnalité plus consensuelle, a permis d’apaiser les esprits. Quant au parti Les Engagés, auquel émargeait Dimitri Fourny, il ne s’attend pas à être impacté par le verdict, Fourny ayant été largement désavoué par la formation de Maxime Prévot.

Par Stéphane Vande Velde (publié le 22/05/2023)
A lire sur le site Le Soir