07 Juin 2013
L'ex-PDG de Caja Madrid, Miguel Blesa, a été incarcéré mercredi 5 juin contre l'avis du parquet. Le juge d'instruction Elpidio José Silva soupçonne des malversations dans la gestion de cette caisse d'épargne, dont la fusion avec six autres a donné naissance en 2010 au géant Bankia, sauvé de la faillite en 2012 par une aide européenne au secteur bancaire espagnol de 41,3 milliards d'euros.
Le magistrat avait déjà placé Miguel Blesa, PDG de Caja Madrid de 1996 à 2009, en détention provisoire le 16 mai, mais le banquier était sorti en moins de vingt-quatre heures en versant une caution de 2,5 millions d'euros.
PAS LE SEUL
Cette fois, le juge l'a renvoyé derrière les barreaux sans caution, en s'appuyant sur des courriers électroniques, qui alimentent selon lui, l'existence "d'indices rationnels de responsabilité criminelle".
Le cas de Miguel Blesa, proche du Parti populaire (PP), le parti de droite du chef du gouvernement Mariano Rajoy, est hautement symbolique car il est le premier banquier emprisonné après la débâcle financière née en Espagne de l'explosion de la bulle immobilière en 2008.
"Mais il pourrait ne pas être le seul", relève jeudi le journal de centre gauche El País, rappelant que près d'une centaine d'autres ex-responsables sont poursuivis en justice, dont 37 de Bankia. Parmi eux, l'ex-vice président du gouvernement du PP et ex-PDG de Bankia, Rodrigo Rato, emblématique de la gestion des caisses d'épargne, des entités publiques dont les conseils d'administration étaient répartis entre membres des partis politiques et des syndicats.
Cinq ex-hauts responsables de la CAM, une autre caisse d'épargne renflouée avec 2,8 milliards d'euros de fonds publics, sont soupçonnnés par la justice d'escroquerie et d'abus de biens sociaux pour avoir notamment octroyé des crédits douteux et des conditions de départ mirifiques à certains. Les mêmes soupçons pèsent sur d'anciens dirigeants de NovaCaixaGalicia, également sauvée de la faillite par l'argent public, qui auraient tenté d'empocher des indemnités de plusieurs millions d'euros.
LE "POINT ZÉRO" DU DÉSASTRE
Toutes ces caisses ont soulevé la vindicte populaire, d'autant que des dizaines de milliers de petits épargnants, de retraités ont perdu leurs économies dans le fiasco des "participations préférentielles", produits à hauts risques vendus à tour de bras par ces établissements en mal de liquidités en 2008, et dont la valeur s'est effondrée avec la crise.
Bankia, et plus particulièrement Caja Madrid, "fut le point zéro du désastre, et Blesa est désormais la quintessence et le symbole d'une époque condamnée. L'accusé parfait", écrit le journal de droite ABC dans une tribune. "Dans des moments comme celui-ci, un banquier en prison joue le rôle d'une catharsis sociale", ajoute son auteur.
Si elles satisfont les victimes de la crise, les méthodes du juge Silva n'ont pas plu du tout au parquet, qui vient de faire appel de la décision. Le parquet étudie aussi "très sérieusement" des poursuites contre le juge Silva pour "abus de pouvoir", a affirmé à El País le procureur du tribunal supérieur de Madrid, Manuel Moix. D'autant que le magistrat de 54 ans, connu pour être une forte tête, fait déjà l'objet de plusieurs procédures disciplinaires. Prudent, le PP a estimé qu'il fallait laisser la justice faire son travail, disant comprendre que "beaucoup de gens soient en colère" et veuillent que "quelqu'un paie".
Lire sur le site du Monde.fr (06/06/2013)
Le magistrat avait déjà placé Miguel Blesa, PDG de Caja Madrid de 1996 à 2009, en détention provisoire le 16 mai, mais le banquier était sorti en moins de vingt-quatre heures en versant une caution de 2,5 millions d'euros.
PAS LE SEUL
Cette fois, le juge l'a renvoyé derrière les barreaux sans caution, en s'appuyant sur des courriers électroniques, qui alimentent selon lui, l'existence "d'indices rationnels de responsabilité criminelle".
Le cas de Miguel Blesa, proche du Parti populaire (PP), le parti de droite du chef du gouvernement Mariano Rajoy, est hautement symbolique car il est le premier banquier emprisonné après la débâcle financière née en Espagne de l'explosion de la bulle immobilière en 2008.
"Mais il pourrait ne pas être le seul", relève jeudi le journal de centre gauche El País, rappelant que près d'une centaine d'autres ex-responsables sont poursuivis en justice, dont 37 de Bankia. Parmi eux, l'ex-vice président du gouvernement du PP et ex-PDG de Bankia, Rodrigo Rato, emblématique de la gestion des caisses d'épargne, des entités publiques dont les conseils d'administration étaient répartis entre membres des partis politiques et des syndicats.
Cinq ex-hauts responsables de la CAM, une autre caisse d'épargne renflouée avec 2,8 milliards d'euros de fonds publics, sont soupçonnnés par la justice d'escroquerie et d'abus de biens sociaux pour avoir notamment octroyé des crédits douteux et des conditions de départ mirifiques à certains. Les mêmes soupçons pèsent sur d'anciens dirigeants de NovaCaixaGalicia, également sauvée de la faillite par l'argent public, qui auraient tenté d'empocher des indemnités de plusieurs millions d'euros.
LE "POINT ZÉRO" DU DÉSASTRE
Toutes ces caisses ont soulevé la vindicte populaire, d'autant que des dizaines de milliers de petits épargnants, de retraités ont perdu leurs économies dans le fiasco des "participations préférentielles", produits à hauts risques vendus à tour de bras par ces établissements en mal de liquidités en 2008, et dont la valeur s'est effondrée avec la crise.
Bankia, et plus particulièrement Caja Madrid, "fut le point zéro du désastre, et Blesa est désormais la quintessence et le symbole d'une époque condamnée. L'accusé parfait", écrit le journal de droite ABC dans une tribune. "Dans des moments comme celui-ci, un banquier en prison joue le rôle d'une catharsis sociale", ajoute son auteur.
Si elles satisfont les victimes de la crise, les méthodes du juge Silva n'ont pas plu du tout au parquet, qui vient de faire appel de la décision. Le parquet étudie aussi "très sérieusement" des poursuites contre le juge Silva pour "abus de pouvoir", a affirmé à El País le procureur du tribunal supérieur de Madrid, Manuel Moix. D'autant que le magistrat de 54 ans, connu pour être une forte tête, fait déjà l'objet de plusieurs procédures disciplinaires. Prudent, le PP a estimé qu'il fallait laisser la justice faire son travail, disant comprendre que "beaucoup de gens soient en colère" et veuillent que "quelqu'un paie".
Lire sur le site du Monde.fr (06/06/2013)