30 Nov 2023
Après les élections parlementaires du 15 octobre, les Polonais et Polonaises espèrent enfin mettre derrière eux huit années d'ultra droite au pouvoir. La coalition d’opposition pro-européenne, composée des partis de gauche rassemblés sous le nom Nowa Lewica (« nouvelle gauche » en polonais), des libéraux de la Coalition civique et des démocrates-chrétiens de Troisième Voie, a obtenu la majorité des voix dans la chambre basse du Parlement polonais, la Diète. À eux trois, ils cumulent 53,71 % des voix. En face, avec 35,38 %, Droit et justice (PiS) reste le premier parti, mais est isolé. Sa seule option serait de s’allier avec l’extrême droite nationaliste et libertarienne de la Confédération, qui a eu 7,16 % des votes, mais cela ne permettrait pas pour autant de dégager une majorité.
Ce sera donc, sauf revirement inattendu, la coalition menée par Donald Tusk qui prendra les rênes du pouvoir dans les semaines à venir. Cette victoire de l’opposition a suscité « un sentiment de miracle » selon Piotr Pacewicz, rédacteur en chef du média indépendant Oko.press. «C’était comme vivre à côté d’une fosse septique qui fuyait. Il était possible d'agir, d'écrire, de protester ou simplement de se boucher le nez, mais c'est seulement maintenant que nous sentons combien cela était pénible. Et insensé. »
« Comment diable avons-nous gagné cette élection ? » se demande donc le média progressiste polonais. Les dégâts des deux mandats du parti nationaliste étaient considérables pour la société polonaise : pénalisation de l’avortement, atteintes aux droits des personnes LBGTQI+, attaque à l'indépendance du pouvoir judiciaire, déforestation – la Cour de justice de l’UE avait condamné en 2018 les pratiques d’exploitation du bois dans la forêt primaire de Bialowieza autorisées par le gouvernement –, ou encore une politique anti-immigration agressive. Pourtant, « rien ne nuisait à ce parti, aucun scandale, aucune crise »… Jusqu’à ces élections.
Le taux de participation a été le plus haut depuis la fin de l’URSS et l’instauration de la Troisième République polonaise en 1989 : il a atteint plus de 74 %. Interrogé par le média polonais Krytyka Polityczna, Adam Traczyk, le directeur de More in Common Poland (initiative apartisane pour étudier et combattre la polarisation dans le pays), explique cela par le mobilisation d’une part de la population qu’il qualifie de « majorité fatiguée » : « De très nombreux Polonais apprécient tout simplement le calme, une certaine cohérence, la stabilité, et c'est quelque chose que le gouvernement Droit et Justice, au cours de leur second mandat, n'ont pas apporté. »
Une nouvelle page s’ouvre pour la Pologne. Même si la gauche sera le plus petit parti de la coalition au pouvoir, elle devrait y avoir une influence positive, car nombre de ses propositions sur la séparation de l'Église et de l'État ou sur les droits des personnes LGBTQI+ sont plus audibles dans le débat public qu'il y a huit ans. Autre espoir : la gauche et la Coalition civique ont promis, pendant la campagne, de légaliser l’IVG jusqu’à la douzième semaine de grossesse.
💬 En polonais
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👉 Lire l’article de Krytyka Polityczna (accès libre)https://krytykapolityczna.pl/kraj/uratowali-nas-lokalisci-liberalowie-i-normalsi-rozmowa/
Ce sera donc, sauf revirement inattendu, la coalition menée par Donald Tusk qui prendra les rênes du pouvoir dans les semaines à venir. Cette victoire de l’opposition a suscité « un sentiment de miracle » selon Piotr Pacewicz, rédacteur en chef du média indépendant Oko.press. «C’était comme vivre à côté d’une fosse septique qui fuyait. Il était possible d'agir, d'écrire, de protester ou simplement de se boucher le nez, mais c'est seulement maintenant que nous sentons combien cela était pénible. Et insensé. »
« Comment diable avons-nous gagné cette élection ? » se demande donc le média progressiste polonais. Les dégâts des deux mandats du parti nationaliste étaient considérables pour la société polonaise : pénalisation de l’avortement, atteintes aux droits des personnes LBGTQI+, attaque à l'indépendance du pouvoir judiciaire, déforestation – la Cour de justice de l’UE avait condamné en 2018 les pratiques d’exploitation du bois dans la forêt primaire de Bialowieza autorisées par le gouvernement –, ou encore une politique anti-immigration agressive. Pourtant, « rien ne nuisait à ce parti, aucun scandale, aucune crise »… Jusqu’à ces élections.
Le taux de participation a été le plus haut depuis la fin de l’URSS et l’instauration de la Troisième République polonaise en 1989 : il a atteint plus de 74 %. Interrogé par le média polonais Krytyka Polityczna, Adam Traczyk, le directeur de More in Common Poland (initiative apartisane pour étudier et combattre la polarisation dans le pays), explique cela par le mobilisation d’une part de la population qu’il qualifie de « majorité fatiguée » : « De très nombreux Polonais apprécient tout simplement le calme, une certaine cohérence, la stabilité, et c'est quelque chose que le gouvernement Droit et Justice, au cours de leur second mandat, n'ont pas apporté. »
Une nouvelle page s’ouvre pour la Pologne. Même si la gauche sera le plus petit parti de la coalition au pouvoir, elle devrait y avoir une influence positive, car nombre de ses propositions sur la séparation de l'Église et de l'État ou sur les droits des personnes LGBTQI+ sont plus audibles dans le débat public qu'il y a huit ans. Autre espoir : la gauche et la Coalition civique ont promis, pendant la campagne, de légaliser l’IVG jusqu’à la douzième semaine de grossesse.
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