L'Espagne impose une surtaxe exceptionnelle sur les banques et compagnies d'électricité
Des impôts exceptionnels pour les compagnies électriques et les banques ainsi qu'une série de mesures sociales pour protéger le pouvoir d'achat des classes moyennes : le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a annoncé mardi de nouvelles initiatives pour rassurer les classes moyennes face à la flambée de l'inflation qui a atteint 10,2 % en juin dernier .

« Je sais qu'arriver à la fin du mois est de plus en plus difficile. Je comprends l'angoisse, les frustrations et aussi la colère de tous parce qu'elle est aussi la mienne », a affirmé le leader socialiste en exposant sa stratégie anticrise face à l'hémicycle, en ouverture des joutes parlementaires qui accompagnent le débat annuel sur l'état de la nation.

La nouvelle taxe sur les compagnies électriques permettra à l'Etat d'engranger près de 4 milliards d'euros entre 2023 et 2024 afin de financer les mesures de soutien aux classes moyennes, a-t-il expliqué. « Ce gouvernement ne va pas tolérer que certaines entreprises profitent de la crise pour s'enrichir », a-t-il ajouté.

La poche des classes moyennes

Les principales compagnies d'électricité sont clairement dans le collimateur de l'exécutif. Elles ont en effet ignoré, depuis un an, tous les appels à la responsabilité sociale lancés par la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera, qui critique leurs marges excessives. « Ces bénéfices qu'on appelle souvent 'tombés du ciel' ne tombent pas du tout du ciel, ils viennent de la poche des classes moyennes », a insisté Pedro Sánchez.

Il a aussi annoncé une taxe exceptionnelle sur « les grandes institutions financières qui ont commencé à bénéficier de la hausse des taux d'intérêt ». Cette mesure sur deux ans permettra de collecter 3 milliards d'euros, a-t-il précisé.

Récolter 7 milliards sur deux ans

L'objectif de ce dispositif est de récolter au total 7 milliards d'euros sur la période 2023-2024, afin d'aider à financer les aides et subventions que le gouvernement soumettra au vote du parlement d'ici la fin du mois, dans le cadre de son nouveau plan de lutte anticrise pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages. Il prévoit notamment la gratuité des abonnements pour les transports ferroviaires de banlieue, entre septembre et décembre prochain, ainsi que de nouvelles aides pour les lycéens boursiers.

    Pedro Sánchez espère ainsi remobiliser les électeurs de gauche et ressouder sa majorité progressiste, alors que les sondages signalent une nette remontée de la droite.

Ces nouvelles mesures s'ajoutent à celles déjà annoncées, dont une nouvelle baisse de la TVA sur l'électricité, un chèque de 200 euros pour les foyers les plus vulnérables et le relèvement de 15 % du revenu minimum vital. Le gouvernement va par ailleurs maintenir le plafonnement des augmentations de loyers, ainsi que la réduction de 20 centimes par litre de carburant.

Répartir l'effort

Il appelle aussi, en parallèle, à une consommation énergétique plus prudente, en évoquant le retour au travail à distance, la limitation du chauffage et de l'air conditionné, alors que le pays est écrasé par une nouvelle vague de chaleur.

Avec ces taxes exceptionnelles sur les entreprises énergétiques et financières, Pedro Sánchez marque son intention de répartir l'effort pour mieux redistribuer les aides vers les plus vulnérables. Il espère ainsi remobiliser les électeurs de gauche et ressouder sa majorité progressiste, alors que les sondages signalent une nette remontée de la droite.

Par Cécile Thibaud (publié le 12/07/2022)
A lire sur le site Les Echos