Aanore, le village indien qui a vaincu la sécheresse
Un petit village de l’Ouest de l’Inde, Aaanore, est devenu un exemple de résilience pour les régions frappées par la sécheresse. Grâce à un effort collectif pour économiser chaque goutte d’eau et planter des arbres, les habitants ont réussi à recharger la nappe phréatique en quatre mois.

Le petit village d’Aanore se situe dans le Nord de l’Etat du Maharashtra, à 350km de Bombay. Comme l’ensemble de la Région, ce hameau de 95 habitations subissait des sécheresses de plus en plus importantes. Les femmes du village étaient obligées de parcourir 8 à 10km à pieds pour aller chercher un pichet d’eau. Les enfants aussi devaient y aller, ce qui leur faisait louper l’école pour avoir accès à un simple verre d’eau. Face à cette situation dramatique, Sandeep Patil, le religieux du village, a convaincu les villageois d’unir leurs forces pour préserver l’eau.

    « Nous avons adopté des résolutions à l’unanimité lors de l’assemblée générale du corps du Gram Panchayat et avons décidé de les suivre à la lettre. Nous avons demandé aux villageois de ne pas se laver les mains dans les assiettes après chaque repas, mais de les laver près des deux arbres que nous avons plantés devant chaque maison. Egalement, nous avons déversé les eaux de drainage dans la fosse de rétention. Ces petits changements mis bout à bout ont permis de recharger et redonner vie à la nappe phréatique. En trois mois à peine, les puits et les pompes manuelles qui étaient à sec ont commencé à se remplir. Cela nous permet de couvrir les besoins en eau de la population et du bétail du village. », a expliqué Sandeep Patil au journal DNA India

Les 450 familles d’Aanore ont également creusé 92 puisards (puits perdus) qui facilitent l’évacuation des eaux usées dans la nappe phréatique, 13 étangs de ferme, soigné le sol et semé des graines, et construit une pépinière où ils font pousser les plants qui iront ensuite dans le village.

Les habitants les plus riches comme les plus pauvres ont uni leurs forces dans un esprit de solidarité. L’homme d’affaires Bajirao Patil a par exemple fait don de 1 200 pousses d’arbres pour qu’ils soient plantés devant chaque habitation. Il prévoit d’en donner 1700 supplémentaires durant la mousson.

    « Nous voulons revenir à l’époque où le village et ses environs étaient peuplés d’arbres luxuriants. En été, nous pouvions jouer dehors sans jamais faire face aux coups de soleil ni à la chaleur accablante. Maintenant, il est nous est impossible de sortir en été. Nous voulons retrouver le bon vieux temps où les difficultés étaient présentes mais belles, et où nous étions très proches de la nature. » a ajouté Sandeep Patil.

Et Aanore semble bien parti pour accomplir son rêve. Grâce à leurs efforts, les villageois ont pu préserver 250 millions de litres d’eau ! Aanore a même obtenu la troisième place à un concours d’Etat qui encourage les villages à mettre en place des techniques de préservation de l’eau, devenant un modèle pour les communes aux alentours. Dans l’Etat du Maharashtra, plus de 20 000 villages sont en situation de sécheresse, et 5 000 d’entre eux doivent être alimentés en eau par des camions-citernes.

    « Le village d’Aanore a montré que si des efforts volontaires sont déployés, nous pouvons créer une oasis dans le désert. Nous sommes heureux que nos efforts aient porté leurs fruits et nous espérons que le gouvernement va implanter ce modèle partout dans le Maharashtra », a souri Ranjeet Shinde, militant social et directeur de l’école locale

Comme tous les habitants d’Aanore, Ranjeet Shinde a contribué à la transformation du village, et a été particulièrement touché par la solidarité dont tout le monde a fait preuve. Pour lui, les forêts sont devenues des déserts à cause de la déforestation massive et effrénée perpétrée par l’homme. Le succès d’Aanore prouve qu’il est possible d’inverser la tendance.

Par Laurie Debove (publié le 28/08/2019)
A lire sur le site La Relève et La Peste