Les Césars coupent les ponts avec les membres historiques, dont Roman Polanski
Une étape importante et symbolique : l’Académie des Césars a supprimé, mardi 10 novembre, la possibilité pour des personnalités du cinéma, comme le réalisateur Roman Polanski, d’être membres « de droit » de l’association qui régit cette institution. Il s’agit de la première décision d’importance prise sous la nouvelle direction de Véronique Cayla, ancienne d’Arte et du Centre national du cinéma (CNC), élue fin septembre pour y tourner la page du sexisme et de l’entre-soi.

L’assemblée générale de l’association sera désormais constituée uniquement des 164 membres élus, 82 hommes et 82 femmes. Leurs électeurs sont les 4 300 membres de l’Académie, issus de la profession et qui choisissent chaque année les récipiendaires des prix les plus prestigieux du cinéma français. Les 18 membres de droit qui siégeaient jusqu’alors avec eux, notamment au titre de leurs prix et récompenses passés (l’Oscar pour Polanski, par exemple), n’y figurent plus.

La modification a été adoptée par une écrasante majorité de 134 voix, et cette disposition s’applique immédiatement, a précisé la direction, qui « parachève ainsi son objectif premier de rénovation ».

« Parité » et « démocratie »

Héritage du passé, la présence de ces membres historiques était l’un des derniers abcès de fixation contre cette institution. Des féministes dénonçaient notamment la présence, parmi eux, du réalisateur Roman Polanski, visé par des accusations de viol.

« Il n’y a désormais plus de membres de droit. Le cinéma français a choisi pour le représenter de respecter intégralement la parité et la démocratie », a salué sur Twitter une personnalité du milieu, le producteur Marc Missonnier.

Les Césars vont désormais s’atteler à la préparation de leur édition 2021. Elle devra faire oublier un cru 2020 marqué par les crises : la démission, en février, de l’ancien patron des Césars Alain Terzian et de l’ensemble de la direction, puis, quelques jours plus tard, la cérémonie elle-même et la tempête provoquée par la remise du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski. L’image du départ fracassant de l’actrice Adèle Haenel quittant la salle en lançant : « Bravo la pédophilie ! » avait marqué la soirée.

Par Le Monde avec AFP (publié le 10/11/2020)
A lire sur le site Le Monde