19 Oct 2015
Plus de 150 000 personnes ont défilé samedi 10 octobre à Berlin pour protester contre les traités de libre-échange TAFTA et CETA. La capitale allemande n’avait pas connu une telle mobilisation depuis les manifestations contre l’invasion de l’Irak en 2003.
Leur gouvernement a eu beau se démener, s’offrir une tribune pro-TAFTA dans plusieurs grands journaux le matin même, les citoyens allemands se sont déplacés massivement samedi pour participer à la manifestation anti-traités transatlantiques à Berlin.
“C’est un grand jour pour la démocratie, criaient les hauts-parleurs sur l’avenue qui mène à la Porte de Brandebourg. C’est la première fois en Europe qu’autant de gens descendent dans la rue contre ces traités. Les négociations du TAFTA sous cette forme doivent cesser, le CETA ne doit pas être ratifié.” Le TAFTA est le projet de traité entre l’Union européenne et les Etats-Unis pour approfondir le libre-échange, le CETA son équivalent entre l’Europe et le Canada.
Officiellement, ce sont 150 000 personnes qui ont montré leur opposition aux projets d’accords avec les Etats-Unis et le Canada. D’autres sources faisaient état du chiffre vertigineux de 250 000 manifestants au plus fort d’une journée froide mais ensoleillée. Berlin n’avait plus connu ça depuis 2003 et l’opposition aux manoeuvres militaires en Irak. A l’appel de plus de 170 organisations, un cortège très hétéroclite a défilé dans une ambiance festive, brandissant les slogans “Pour un commerce mondial équitable”, “Oui à des salaires justes”, “le TTIP signe le naufrage climatique” ou encore “Non aux OGM”.
Mines fatiguées par les kilomètres avalés pour rallier la capitale dans la nuit de vendredi à samedi, des habitants de Stuttgart, Francfort, Cologne ou Munich, les grands centres économiques du pays, sont venus dénoncer aux côtés des Berlinois le “cheval de Troie” que constituent à leurs yeux TAFTA et CETA. “Avec ces traités, des produits OGM américains pourront venir dans nos rayons de supermarchés, et à des prix très bas, donc les gens seront incités à les acheter, redoute Magnus, simple citoyen sans bannière. Il y a aussi un risque de voir la fracturation hydraulique s’imposer à nous, alors que nous n’en voulons pas.”
A l’heure du bilan, les organisateurs se félicitent d’un “succès écrasant”. "Rendez-vous compte, témoigne Alois Vedder, responsable des questions politiques chez WWF, tous ces gens qui ont fait la route toute la nuit, parfois avec leur propre voiture... Ils ne l’auraient pas fait s’ils n’étaient pas particulièrement en colère".
Le succès de la manifestation est un coup dur pour les pro-TAFTA. Le gouvernement allemand espérait associer les syndicats du pays aux négociations. Raté. La principale Confédération allemande des syndicats, la DGB, a depuis rejoint la fronde. A la tribune samedi, son chef, Reiner Hoffmann, a notamment appelé la Commission européenne et le gouvernement d’Angela Merkel à plus de transparence dans les discussions et à protéger les services publics et les droits des travailleurs.
Jusqu’ici, le pouvoir n’a pas réagi. Seule l’Union fédérale de l’industrie allemande, principal lobby pro-TAFTA Outre-Rhin, a considéré samedi que “ceux qui ne font que bloquer sont les grands perdants de la mondialisation”. Pour son président Ulrich Grillo, "les débats sont bons et utiles mais ils doivent être constructifs et basés sur les faits”.
Les organisateurs, eux, assurent que d’autres actions vont suivre. “C’était une étape importante, qui renforce notre mouvement, estime Ingrid Gier, porte-parole du syndicat IG-Metall, le premier d’Europe. Les politiques vont devoir en tenir compte maintenant.”
Ils encouragent maintenant les autres Européens à se mobiliser. Martin Rücker, de l’ONG de défense des consommateurs Foodwatch, appelle “à mettre la pression depuis la base, en Allemagne, mais aussi en France et dans les autres pays”.
Par Violette Bonnebas
Lire sur Reporterre (12/10/15)
Leur gouvernement a eu beau se démener, s’offrir une tribune pro-TAFTA dans plusieurs grands journaux le matin même, les citoyens allemands se sont déplacés massivement samedi pour participer à la manifestation anti-traités transatlantiques à Berlin.
“C’est un grand jour pour la démocratie, criaient les hauts-parleurs sur l’avenue qui mène à la Porte de Brandebourg. C’est la première fois en Europe qu’autant de gens descendent dans la rue contre ces traités. Les négociations du TAFTA sous cette forme doivent cesser, le CETA ne doit pas être ratifié.” Le TAFTA est le projet de traité entre l’Union européenne et les Etats-Unis pour approfondir le libre-échange, le CETA son équivalent entre l’Europe et le Canada.
Officiellement, ce sont 150 000 personnes qui ont montré leur opposition aux projets d’accords avec les Etats-Unis et le Canada. D’autres sources faisaient état du chiffre vertigineux de 250 000 manifestants au plus fort d’une journée froide mais ensoleillée. Berlin n’avait plus connu ça depuis 2003 et l’opposition aux manoeuvres militaires en Irak. A l’appel de plus de 170 organisations, un cortège très hétéroclite a défilé dans une ambiance festive, brandissant les slogans “Pour un commerce mondial équitable”, “Oui à des salaires justes”, “le TTIP signe le naufrage climatique” ou encore “Non aux OGM”.
Mines fatiguées par les kilomètres avalés pour rallier la capitale dans la nuit de vendredi à samedi, des habitants de Stuttgart, Francfort, Cologne ou Munich, les grands centres économiques du pays, sont venus dénoncer aux côtés des Berlinois le “cheval de Troie” que constituent à leurs yeux TAFTA et CETA. “Avec ces traités, des produits OGM américains pourront venir dans nos rayons de supermarchés, et à des prix très bas, donc les gens seront incités à les acheter, redoute Magnus, simple citoyen sans bannière. Il y a aussi un risque de voir la fracturation hydraulique s’imposer à nous, alors que nous n’en voulons pas.”
A l’heure du bilan, les organisateurs se félicitent d’un “succès écrasant”. "Rendez-vous compte, témoigne Alois Vedder, responsable des questions politiques chez WWF, tous ces gens qui ont fait la route toute la nuit, parfois avec leur propre voiture... Ils ne l’auraient pas fait s’ils n’étaient pas particulièrement en colère".
Le succès de la manifestation est un coup dur pour les pro-TAFTA. Le gouvernement allemand espérait associer les syndicats du pays aux négociations. Raté. La principale Confédération allemande des syndicats, la DGB, a depuis rejoint la fronde. A la tribune samedi, son chef, Reiner Hoffmann, a notamment appelé la Commission européenne et le gouvernement d’Angela Merkel à plus de transparence dans les discussions et à protéger les services publics et les droits des travailleurs.
Jusqu’ici, le pouvoir n’a pas réagi. Seule l’Union fédérale de l’industrie allemande, principal lobby pro-TAFTA Outre-Rhin, a considéré samedi que “ceux qui ne font que bloquer sont les grands perdants de la mondialisation”. Pour son président Ulrich Grillo, "les débats sont bons et utiles mais ils doivent être constructifs et basés sur les faits”.
Les organisateurs, eux, assurent que d’autres actions vont suivre. “C’était une étape importante, qui renforce notre mouvement, estime Ingrid Gier, porte-parole du syndicat IG-Metall, le premier d’Europe. Les politiques vont devoir en tenir compte maintenant.”
Ils encouragent maintenant les autres Européens à se mobiliser. Martin Rücker, de l’ONG de défense des consommateurs Foodwatch, appelle “à mettre la pression depuis la base, en Allemagne, mais aussi en France et dans les autres pays”.
Par Violette Bonnebas
Lire sur Reporterre (12/10/15)