Les anciens de Fralib et leur coopérative lancent le thé de la transformation sociale et écologique
Après quatre années d’un rude combat, la soixantaine de coopérateurs de la Société coopérative ouvrière provençale thé et infusions, les ex-Fralib, lancent 1336 et ScopTI, leurs nouvelles marques. Exit les actionnaires d’Unilever, l’ancienne multinationale propriétaire, les arômes artificiels et le management néolibéral. Bienvenue à la politique salariale décidée au consensus, au tilleul bio et au thé centenaire. A Carcassonne, les anciens employés de la Fabrique du Sud se sont engagés dans le même type d’aventure, pour la fabrication de crèmes glacées. Reportage auprès de ces coopératives en quête d’une nouvelle éthique, de véritable progrès social et environnemental.

Rien que le bureau de la direction a de quoi provoquer des sueurs froides chez un adhérent du Medef. Il y a la plaque déjà. En la lisant, un représentant patronal manquerait probablement de s’étouffer en ces temps de remise en cause du dialogue social : « Direction. Comité d’entreprise. Syndicat ». Puis la décoration du bureau de la direction, où trône un portrait du Che, et où traine non pas un audit pour réduire le coût du travail mais une attestation syndicale reçue lors d’un récent voyage à Cuba. Malaise assuré pour un PDG traditionnel.

Nous ne sommes pas, justement, dans une entreprise traditionnelle. Bienvenue dans l’usine de fabrication de thé et infusion de Gémenos (Bouches-du-Rhône), autrefois propriété du géant alimentaire Unilever, aujourd’hui coopérative reprise par une grande partie des salariés après quatre dans de lutte contre la liquidation. Pour dévoiler leur nouvelle marque, les ex-Fralib ont choisi le 26 mai, date à laquelle le protocole d’accord de fin de conflit a été signé en 2014 avec la direction d’Unilever. La marque phare sera désormais "1336", référence au nombre de jours de lutte qu’il a fallu aux salariés pour faire plier la multinationale anglo-néerlandaise. L’annonce publique, faite hier mardi sur le site à 13h36, en présence de nombreux médias et soutiens, a donné lieu à quelques larmes. Émotion non feinte : la naissance de ces deux nouvelles marques "1336" (« éveille les consciences, réveille les papilles ») et "ScopTI" (« engagé sur l’humain, engagé sur le goût ») symbolise bien le début d’une nouvelle aventure pour ces salariés devenus leurs propres patrons.

La coopérative ouvrière provençale est désormais dirigée par un trio de syndicalistes, désignés par le Conseil d’administration issu de l’assemblée générale des coopérateurs. Gérard Cazorla, ex-secrétaire CGT du comité d’entreprise de Fralib, en est le président, Olivier Leberquier, ancien délégué syndical CGT, le directeur général délégué et Marc Decugis, le directeur général. Gérard Affagard, ancien délégué CFE-CGC, désormais à la retraite après avoir participé à la lutte de bout en bout, présidera lui l’association Force et bon thé dont l’objet sera de soutenir et de faire connaître la coopérative. Prix de la cotisation annuelle : 13,36 euros. Forcément.

1336 jours de lutte et une année de transition

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Par Emmanuel Riondé, Jean de Peña (27/05/2015)