Espagne : les Indignés entrent au Parlement européen
En Espagne, le Parti populaire (PP, droite) est arrivé en tête des élections européennes avec 26 % des suffrages et seize sièges, mais difficile pour lui de parler de victoire, puisqu'il a perdu, par rapport à 2009, 16 points en pourcentage et sept sièges au Parlement européen. Cependant, la secrétaire générale du PP, Maria Dolores de Cospedal, s'est félicitée d'être « le seul pays, avec l'Allemagne, où le parti au pouvoir remporte les élections ».

Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a essuyé un revers sévère, avec 23 % des votes, soit quinze points de moins qu'en 2009 et neuf sièges en moins, qui pourrait l'amener à relever de leurs fonctions les principaux responsables du parti, en particulier son secrétaire général, Alfredo Perez Rubalcaba. Evoquant ces « mauvais résultats », la tête de liste socialiste aux européennes, Elena Valenciano, a en effet annoncé la réunion d'une commission exécutive urgente dès lundi.

RECUL DU BIPARTISME
Ces élections reflètent en premier lieu un fort recul du bipartisme qui prévalait jusqu'à présent en Espagne. Alors que les deux grands partis cumulèrent 80 % des suffrages en 2009, ils ne parviennent même pas à franchir la barre des 50 % aujourd'hui.
Les principaux bénéficaires de ce changement de tendance sont tout d'abord la Gauche unie (IU, écolo-communistes), qui obtient près de 10 % des suffrages et surtout le nouveau parti Podemos, issu du mouvement des Indignés, qui avait occupé des places publiques en mai 2011 pour demander plus de démocratie et la fin de la dictature des marchés. Pour sa première participation à des élections, il est parvenu à se hisser à la quatrième position sur l'échiquier politique du pays, avec 7,9 % des voix et cinq sièges. Ses secrets : une campagne de terrain très intense, un programme qui reprend les principales revendications des manifestants anti-austérité (lutte contre la corruption, défense des services publics, audit public de la dette...) et une tête de liste médiatique, Pablo Iglesias, jeune professeur de sciences politiques à l'université Complutense de Madrid, très présent dans les débats télévisés et actif sur les réseaux sociaux.

Par Sandrine Morel (26/05/2014)

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