Les Suisses tournent le dos au nucléaire
C'est un «oui» contre l'atome. Selon les résultats définitifs, les Suisses ont décidé dimanche par référendum à 58,2% de tourner progressivement le dos au nucléaire et favoriser à sa place les énergies renouvelables. Ce chiffre est légèrement supérieur à celui du sondage réalisé il y a près de deux semaines qui prévoyait une victoire du «oui» à 56%. La participation, assez faible, s’est élevée à 42,3% du corps électoral.

Les premiers dépouillements montrent que seuls trois et demi cantons sur les 26 que compte la Suisse ont dit «non» à la nouvelle loi sur l’énergie, soutenue par le gouvernement et le Parlement. A Zurich, canton le plus peuplé de Suisse, le «oui» atteint presque 60% et à Genève il dépassait les 70%. «Pour tous les écologistes, qu’ils soient politisés ou non, c’est un jour historique dans le pays», a déclaré la députée des Verts, Adèle Thorens Goumaz, à la télévision suisse publique RTS.

Réduire la consommation d'énergie

«La Suisse va entrer dans le 21e siècle énergétique, ce sera un signal fort», a-t-elle dit. Tous les partis avaient apporté leur soutien à la nouvelle loi à l’exception du premier parti de Suisse, l’UDC (Union démocratique du centre), parti populiste anti-européen et anti-immigration. Le politologue Pascal Sciarini ne s’est pas montré surpris par le résultat. «C’est vraiment rare qu’un seul parti arrive à avoir une majorité», a-t-il dit à la RTS. Cette nouvelle loi est le résultat d’un long processus engagé après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, provoqué par un gigantesque tsunami en mars 2011. La loi vise à promouvoir les énergies renouvelables comme l’hydraulique, le solaire, la géothermie et la biomasse. «La majorité des votants a aujourd’hui scellé la sortie du nucléaire en Suisse», a déclaré le directeur général pour la Suisse de l’organisation de défense de l’environnement WWF, Thomas Vellacott, dans un communiqué.

Quelques semaines après la catastrophe de Fukushima, la Suisse, qui compte cinq réacteurs nucléaires produisant environ un tiers de l’électricité du pays, avait décidé de sortir du nucléaire vers 2034, tout en indiquant que cette date restait théorique. Les autorités avaient précisé que les centrales devraient vraisemblablement être débranchées après environ 50 ans, voire 60 ans, d’exploitation. Le premier volet de cette stratégie, sur lequel les Suisses se prononçaient dimanche, vise notamment à réduire la consommation d’énergie. Elle fixe entre autres des valeurs indicatives de consommation énergétique moyenne par personne et par année: à savoir, par rapport au niveau de l’an 2000, une réduction de 16% d’ici à 2020 et de 43% d’ici à 2035. Elle interdit également la construction de nouvelles centrales nucléaires. Les centrales existantes pourront toutefois rester en service aussi longtemps que leur sûreté sera garantie, les électeurs ayant refusé une sortie accélérée du nucléaire en novembre.

Lire sur Libération (21/05/2017)