Le gouvernement des Pays-Bas met un coup d'arrêt à la politique d'austérité

La Haye accepte de remiser un paquet de réformes et signe un accord de relance avec les partenaires sociaux. Le gros des mesures concerne le marché du travail. Un nouveau dérapage du déficit public est attendu.

Sous la pression des partenaires sociaux, la politique d'austérité qui sévissait aux Pays-Bas depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre libéral, Mark Rutte, vient de voler en éclats. Obligé de faire une croix sur quelque 5 milliards d'euros de réduction des dépenses pour équilibrer le budget du royaume, La Haye renonce de fait à son objectif initial de ramener dès 2014 son déficit public sous le seuil des 3% du PIB.

Entérinant ces entorses à l'orthodoxie budgétaire qui prévalait jusqu'à présent, un accord en bonne et due forme a été signé à la veille du week-end entre le gouvernement et les confédérations syndicales du royaume.

Concrètement, cette reculade signifie le report de plusieurs projets jugés antisociaux par les syndicats d'employés et d'employeurs. Pour commencer, le principe d'un gel des salaires dans la fonction publique et le secteur de la santé, est abandonné, soit un manque à gagner de 2 milliards d'euros pour l'Etat.

Déliquescence de l'économie

La coalition en place à laquelle participent les travaillistes avec le Parti libéral s'est rangée aux côtés des partenaires sociaux face à la déliquescence de l'économie nationale. L'état des lieux est édifiant.

Outre un taux de chômage culminant aujourd'hui à 8,1% (7,7% en données ajustées), contre 6,4% sur l'ensemble de l'année 2012, un nombre record de faillites d'entreprises a été enregistré sur le premier trimestre (+ 48% en un an). Du côté des ménages, la chute ininterrompue des prix de l'immobilier depuis des mois est responsable d'une consommation en berne.

Pour relancer l'économie, le gouvernement va donc mettre un coup d'arrêt à plusieurs réformes sociales et fiscales, par crainte de leurs effets négatifs sur un marché du travail déjà mal en point. Ainsi de l'assouplissement de la procédure de licenciement et de la réduction des allocations chômage, qui devait rapporter 1,3 milliard d'euros aux caisses de l'Etat, deux mesures laissées de côté en attente de jours meilleurs.

De leur côté, via le principal syndicat représentatif du patronat, VNO-NCW, les employeurs néerlandais ont tiré parti de cette remise à plat des projets du gouvernement. Pour faire bonne figure après l'abandon du projet de créer des quotas pour l'emploi de handicapés auquel ils étaient farouchement opposés, les alternatives envisagées pour lutter contre la précarité des travailleurs sans CDI sont « dans leurs cordes ».

Vis-à-vis des ménages, la mesure phare envisagée est le report d'une modification pénalisante de la fiscalité sur l'épargne retraite. Mais le gouvernement hésite encore à tirer un trait sur les recettes de 2,2 milliards d'euros escomptées par cette réforme.

Annonçant la couleur dès la formation de son équipe gouvernementale en octobre dernier, le Premier ministre prévoyait initialement de réduire de 16 milliards d'euros le train de vie de l'Etat d'ici à la fin de la législature en 2017.

DIDIER BURG
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