Gironde: la ferme des 12.000 cochons ne verra pas le jour
Face aux nombreuses oppositions, le Préfet a décidé d'interdire l'agrandissement de l'exploitation de Saint-Symphorien…

« Ce serait une petite victoire » à quelques heures de la décision des autorités, Jean-Pierre Leroy de la Confédération Paysanne parle encore au conditionnel. Pourtant, cet agriculteur girondin pourra bientôt passer au présent car la demande d’extension de l’exploitation porcine Le Lay va être refusée. Installée à Saint-Symphorien en Gironde, la SAS voulait passer de 7.000 à près de 12.000 porcs.

Avis défavorable

Après avoir reporté sa décision trois fois, le Préfet a semble-t-il été convaincu par les très nombreux opposants à ce projet. Tout d’abord, le milieu associatif qui « ne veut pas d’une industrialisation de l’agriculture » et qui a lancé une pétition qui a aujourd’hui recueilli 57.000 signatures. Pour Alain Pellon de l’association écologiste les Amis de la Gironde « cet agrandissement va à l’encontre de toutes les préconisations. Ce serait choquant si le Préfet l’autorisait ».

En effet, au-delà de cette opposition, il y a surtout un avis défavorable rendu, il y plus de deux ans, par le commissaire enquêteur chargé de l’enquête publique. Ce dernier avait mis à l’époque en avant les risques de pollution des ressources en eau. Il avait relevé que la zone d’épandage était déjà classée vulnérable au nitrate que l’on retrouve dans le lisier. Enfin, le commissaire avait remarqué que l’extension n’allait pas créer d’emplois.
Le combat va continuer

Le Préfet de la Gironde qui doit aussi faire avec l’opposition de la classe politique. La Région et surtout le Département sont en désaccord total avec le projet de la SAS Le Lay. Il y a quelques semaines, le conseil départemental avait voté une motion en ce sens et pas plus tard que la semaine dernière, son président, Jean-Luc Gleyze a réécrit au Préfet. Pour Jean-Pierre Leroy « cela prouve bien que cet élevage n’a pas lieu d’être ».

Du côté des porteurs du projet, on affirme que cet agrandissement est obligatoire « pour rentabiliser des travaux de mises aux normes qui lui sont imposés ». Une argumentation pas assez forte pour pousser Pierre Dartout, le Préfet, a donné un avis favorable. Mais attention, les associations ne veulent pas crier trop vite victoire. Si aujourd’hui elles affirment que « ce serait satisfaisant et montrait qu’en se mobilisant on peut toujours faire bouger les choses », demain « il faudra continuer la lutte car l’exploitant risque de ne pas s’arrêter là pour autant ». En tout cas, à court terme, la ferme des 12.000 cochons n’est plus d’actualité.

Par Clément Carpentier

Lire sur le site de 20min.fr (21/06/2016)