En Espagne, neuf interpellations pour l’emploi de migrants « esclaves » dans des serres
Neuf personnes ont été interpellées, samedi 19 décembre, pour avoir employé des immigrés clandestins « dans des conditions de travail abusives et proches de l’esclavage » dans des serres agricoles de la région de Murcie, dans le sud-est de l’Espagne. La police a souligné « l’absence de scrupules » des responsables interpellés, en évoquant notamment « des traitements insecticides pratiqués en pleine journée de travail ». « Les produits phytosanitaires retombaient sur les travailleurs, dont plusieurs femmes enceintes », a-t-elle souligné.

Cinq responsables d’une société d’intérim et quatre dirigeants d’une société agricole, âgés de 24 à 50 ans, ont été arrêtés sur le territoire des municipalités de Lorca et Mazarrón. Ces zones sont spécialisées notamment dans la production d’artichauts, de brocolis, de poivrons et de laitues.

Pas de contrat de travail

Une unité de la police de la région de Murcie, spécialisée dans la lutte contre les réseaux d’immigration clandestine, avait eu connaissance dès le mois de mai d’irrégularités commises par une société d’intérim, qui employait des clandestins en usurpant les identités d’autres étrangers disposant d’un permis de travail. L’enquête a permis de découvrir l’ampleur de leur exploitation : dépourvus de contrat de travail, les travailleurs agricoles étaient payés en dessous du salaire minimum (à 756 euros en Espagne), selon la police.

« Leur temps de repos arrivait à peine à 15 minutes, qu’ils devaient récupérer en prolongeant leur journée de travail », et leurs frais de déplacement étaient décomptés de leur rétribution. « Tout type de communication leur était interdit », a ajouté la police espagnole. Les personnes interpellées seront poursuivies pour atteinte aux droits des travailleurs, incitation à l’immigration illégale, atteinte à la santé publique et appartenance à un groupe criminel.

L’exploitation criminelle de main d’œuvre étrangère – notamment dans l’agriculture – est « endémique » dans l’Union européenne, avait dénoncé en juin l’Agence des droits fondamentaux de l’UE.

Lire sur le site www.lemonde.fr (19/12/2015)