Des fleurs sur la rue : des résidents arrachent 500 tonnes d’asphalte pour verdir les trottoirs
Des voisins qui, pour la plupart, ne se connaissaient pas ont joint leurs efforts pour arracher les 500 tonnes d’asphalte qui recouvre les trottoirs de leur rue et les remplacer par des fleurs.

Il était 8 h hier matin. Sur la rue Holt à Rosemont, on pourrait s’attendre à ce que les gens restent au lit.

Pourtant, la rue se remplit graduellement de voisins armés de pelles, de pics et de brouettes. Certains ont même loué des marteaux-piqueurs.

Plusieurs ne se connaissent pas, mais ils ont le même objectif: verdir l’espace asphalté entre le trottoir et la rue.

«La rue sera beaucoup plus jolie avec de grosses plates-bandes», assure Nicolas Lewis Ferreira, six ans, qui est venu donner un coup de main.

Vie de quartier

En plus d’embellir le quartier, tous les participants le répètent, l’activité favorise la vie de quartier et les rencontres.

«Les gens créent des liens. Il y a des messieurs baraqués qui vont aider des mesdames qui ne sont pas capables de briser l’asphalte», raconte Frédéric Bourrely du regroupement des écoquartiers.

Le travail d’aménagement paysager collectif sert en quelque sorte de raison aux gens pour se parler.

«Ça fait 18 nouvelles personnes que je rencontre depuis ce matin», affirme Francis Morin. Le résident de la rue Holt considère que ces mouvements citoyens sont en lien avec le mouvement des casseroles.

«Ça montre qu’on peut prendre les choses en main et que ce n’est pas tout d’attendre que la Ville fasse quelque chose, croit-il. Cet espace appartient à tout le monde.»

Les citoyens fournissent donc les efforts, alors que la Ville met à leur disposition des conteneurs.

Participation citoyenne

C’est d’ailleurs la ténacité de citoyens qui a mené l’arrondissement à permettre l’aménagement de ces espaces.

Il y a cinq ans, les premiers à avoir tenté l’expérience avaient été menacés par l’administration de devoir payer une amende de 5000 $.

Les règlements municipaux ont été modifiés, mais il n’en demeure pas moins que le projet n’aurait pas vu le jour sans la participation des citoyens.

«Si on avait fait des appels d’offres ou qu’on l’avait fait faire par les cols bleus, le coût aurait été d’environ 300 000 $. Avec la participation citoyenne, le coût est d’environ 20 000 $», explique Marc-André Gadoury, conseiller d’arrondissement.

Contagion

Le projet en est à sa troisième année. La première année, l’aménagement d’une seule rue avait attiré une soixantaine de personnes.

Cette année, les organisateurs estiment ce nombre à 200 participants pour l’aménagement de cinq rues.

Hier, des portions des rues Molson, près de Bélanger, et Holt, entre Iberville et Saint-Michel, ont été aménagées.

Aujourd’hui, c’est au tour de l’avenue Louis-Hébert et de la rue Gardien, entre Beaubien et Saint-Zotique, ainsi que de l’avenue Jeanne-d’Arc, entre Rosemont et Dandurand.

L’année prochaine risque d’être fertile. «Il y a quatre personnes habitant d’autres rues qui nous ont demandé ce qu’il fallait faire pour que leur rue soit choisie», raconte Madeleine Piché, une jardinière de la rue Holt.

Il faut dire que les avantages d’aménager sa rue sont nombreux. Cela permet de lutter contre les îlots de chaleur et favorise l’absorption de l’eau, ce qui diminuerait les risques de refoulement d’égout.

Lire sur le site du journaldemontréal.com (10/06/2013)