Victoire des prisonniers palestiniens après 40 jours de grève de la faim
Dans la nuit du 26 mai, les prisonniers palestiniens ont mis fin à leur grève de la faim commencée 40 jours plus tôt. Malgré les tentatives du gouvernement israélien d’en minimiser la portée, il s’agit d’une belle victoire pour les prisonniers qui ont obtenu 80% de leurs demandes. Cette victoire est due à leur détermination et à leur unité, ainsi qu’aux multiples manifestations de solidarité en Palestine et dans le reste du monde.
Le gouvernement israélien refuse d’admettre que des négociations ont été menées avec le mouvement de prisonniers en grève. C’est pourtant au terme de négociations, sur base de l’agenda des prisonniers, qu’un accord a été trouvé mettant fin à la grève de la faim de quelque 1500 prisonniers palestiniens. L’Autorité palestinienne estime que 80% des demandes des prisonniers ont été obtenues : davantage d’accès à des téléphones publics, levées de certaines restrictions de passage pour les membres de la famille qui souhaitent visiter leurs proches, réduction de l’intervalle entre deux visites pour les prisonniers de Gaza, amélioration des conditions de détention pour les prisonniers malades détenus à l’hôpital-prison de Ramleh, coin cuisine séparé des chambres pour les prisonniers dits « de sécurité », etc.
Les demandes accordées semblent bien techniques et minimes par rapport à l’effort engagé, mais c’est là toute l’intelligence du mouvement. Ces demandes relèvent de droits dont disposent normalement les prisonniers. Mener une grève de la faim pour les obtenir a permis à la fois de mettre en lumière les mauvais traitements et les conditions inhumaines de détention dans les prisons israéliennes, mais aussi d’obtenir une victoire symbolique très forte. Les Palestiniens ont en effet réussi à imposer leur agenda aux autorités israéliennes. Le fait que la grève ait abouti à la veille du début du Ramadan n’a fait qu’en augmenter la portée.
Par ailleurs, cette grève a confirmé la stature de leader de Marwan Barghouti. Les autorités israéliennes ont en effet essayé de l’écarter en négociant avec d’autres leaders au sein du mouvement de prisonniers, mais toutes les factions se sont accordées pour dire que la décision de rompre le jeune était dans les mains du leader du Fatah. Plus que jamais, Barghouti apparaît donc comme le « Mandela palestinien », avec néanmoins les nuances à apporter à ce genre de comparaison.
Enfin, cette victoire des prisonniers palestiniens est également une victoire de l’ensemble du peuple palestinien, qui s’est tenu uni et mobilisé derrière « ses » prisonniers. Certains y ont même laissé leur vie comme Muataz Shamsa, 23 ans, tué par un colon israélien alors qu’il manifestait en solidarité avec les prisonniers. Ces mobilisations ont à nouveau montré la centralité de la question des prisonniers dans la vie de tous les Palestiniens. Et à défaut de réactions fermes de la communauté internationale, le mouvement international de solidarité a lui aussi répondu présent pour soutenir les prisonniers palestiniens tout le long de leur grève. Une belle victoire donc, sur laquelle il s’agit désormais de capitaliser pour avancer vers la fin de l’occupation.

Par Nathalie-Jeanne D'Othée

A lire sur cncd.be (29/05/2017)