Un tribunal de Mexico interdit définitivement les corridas dans la capitale
La plus grande arène du monde ne célèbre plus de corridas. La Monumental Plaza de Toros de Mexico a fermé ses portes jusqu’à nouvel ordre. Le 10 juin, un tribunal a prononcé l’interdiction totale des spectacles taurins dans la capitale mexicaine. La demande émane de l’association Justicia Justa, sur la base d’un article de la Constitution locale de Mexico qui garantit le « droit à un environnement sain » pour les animaux. Jonathan Bass, un des juges, qui s’était prononcé en faveur de l’interdiction de la corrida lors du verdict, avait souligné : « La société demande que soit respectée l’intégrité physique et émotionnelle de tous les animaux, taureaux compris. »

Cette décision intervient après une première suspension temporaire, le 27 mai, des spectacles taurins à Mexico. Les 50 000 places en gradins de la Plaza de Toros sont donc vides depuis trois semaines. La direction assure qu’elle fera appel contre cette interdiction. Elle a jusqu’au lundi 20 juin, pour déposer leur recours auprès du tribunal collégial de Mexico. Le processus peut prendre jusqu’à six mois, pendant lesquelles les arènes resteront fermées.

« La limite des droits et libertés de ceux qui organisent les corridas s’arrête lorsqu’elle se confronte à d’autres droits, affirme Mariana Ruiz, avocate et membre l’association Justicia Justa. Dans ce cas, il s’agit du droit environnemental. » La liberté de se réunir pour célébrer un événement culturel constitue justement l’argument principal des défenseurs de la corrida. Mario Zulaica, directeur de la Plaza de Toros de Mexico, est optimiste quant au recours concernant la décision d’interdiction définitive : « Nous ne sommes jamais sortis du cadre légal, il n’existe pas de norme qui nous empêche l’organisation de cette fête culturelle et traditionnelle. »

« Débat juridique »

En plus d’être une culture, la corrida est une véritable économie au Mexique. Selon l’association Tauromaquia Mexicana, l’industrie liée à ces spectacles représente plus de 320 millions d’euros chaque année. La Plaza de Toros de Mexico génère à elle seule 30 000 emplois directs et indirects.

L’argument du poids économique de l’agriculture et de l’élevage liés aux animaux de combat est pourtant hors sujet pour Mariana Ruiz. « Le débat en ce moment est juridique, explique l’avocate, les juges cherchent à savoir si tuer des animaux pour du divertissement est en accord ou non avec notre Constitution. »
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La Cour suprême mexicaine a d’ailleurs statué le 15 juin sur le caractère inconstitutionnel de l’inscription de la corrida comme patrimoine culturel. Aucune activité impliquant une quelconque souffrance animale ne pourra désormais être protégée par la Constitution comme un droit culturel. L’instance avait été saisie par des associations civiles à la suite de l’initiative de l’Etat de Nayarit pour protéger la corrida et les combats de coqs par ce biais en 2019. A terme, cette décision de la Cour suprême pourra remettre en question la législation de huit autres Etats mexicains qui avaient déjà adopté des mesures similaires pour protéger la tauromachie...

Par Intérim (publié le 17/06/2022)
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