Le FMI s’est trompé… et fait son mea culpa !
Jusqu'à présent, le FMI estimait qu'un euro d'économie imposé à un pays impliquait un euro de moins dans le PIB de ce dernier. Il apparaît aujourd'hui que ce calcul était faux!
L'information est passée inaperçue ou presque en ce début d'année alors qu'il s'agit d'un véritable coup de tonnerre pour des millions d'Européens. Dans un document de travail publié le 3 janvier dernier, Olivier Blanchard, l'économiste en chef du FMI, nous apprend que le Fonds Monétaire International s'est trompé en évaluant l'impact des mesures d'austérité imposées à plusieurs pays dont la Grèce, l'Espagne et l'Italie qui font face à d'importants problèmes de dette publique. Même si l'auteur indique que ce qu'il écrit l'engage à titre personnel et n'engage pas l'institution qui l'emploie, on ne peut imaginer celle-ci rester sourde au constat qu'il dresse.

Jusqu'à présent, le FMI estimait qu'un euro d'économie imposé à un pays impliquait un euro de moins dans le PIB de ce dernier. Il apparaît aujourd'hui que ce calcul était faux: pour un euro d'économie imposé ce sont en fait 3 euros qui disparaissaient du PIB en question. Autrement dit: l'institution a sous-estimé l'impact de l'austérité sur la croissance des pays concernés.

Pour Bruno Colmant, professeur à la Vlerick Management School et à l'UCL, interrogé par Twizz Radio, Olivier Blanchard a des propos justes: les politiques d'austérité et de rigueur entraînent les récessions. Le FMI a fait fausse route et il s'en rend compte aujourd'hui puisque les taux de croissance dans les pays auxquels on impose de l'austérité sont plus bas que les taux de croissance des pays soumis à un régime normal. Le problème de l'austérité et de la rigueur, commente-t-il, c'est qu'elles contractent le rôle de l'Etat et conduisent finalement à avoir moins de croissance, ce qui pousse l'Etat à devoir emprunter davantage pour financer son manque de croissance. C'est un cercle vicieux.

S'agit-il d'une erreur de calcul de la part du FMI? Pas du tout. Ses experts ont en fait sous-estimé l'impact psychologique de la crise. Elle a été si brutale que l'économie entière s'est finalement arrêtée. On imagine aisément la surprise et la grande colère de tous ces Grecs, ces Espagnols, ces Portugais et ces Italiens qui sont descendus dans les rues ces derniers mois pour dénoncer l'étranglement dont ils étaient victimes.

Un aveu peu habituel

Toujours d'après Bruno Colmant, il faut aujourd'hui faire marche arrière et c'est déjà ce qu'ont commencé à faire certains pays, l'Espagne notamment. Vouloir imposer un retour à l'équilibre budgétaire en 2015 est un objectif complètement vain, souligne l'économiste, parce que cela supposerait que des pays en grande récession lèvent encore plus d'impôts et diminuent leurs dépenses publiques. Or c'est le contraire qu'il faut faire: il faut augmenter l'endettement public en récession et le réduire quand l'économie redevient meilleure comme l'a dit l'économiste John Keynes.

Si on s'entête, on va provoquer des chocs sociaux voire des mouvements qui pourraient être insurrectionnels, prévient Bruno Colmant. Ce mea culpa du FMI est très rare. L'institution est connue pour sa rigueur dès qu'il est question de budget ou de politique monétaire. Dans ce cas-ci, elle semble avoir fait fausse route même si tout le monde s'accorde à dire que la question des déficits publics en Europe doit être contrôlée faute de quoi on s'expose à revivre le cauchemar de ces deux dernières années.

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