La Belgique dit adieu au charbon
Enfin ! Cette semaine, la Belgique a officiellement renoncé au charbon. Les dernières tonnes de cette matière riche en CO2 ont brûlé ce mercredi dans la centrale de Langerlo. C’est ainsi qu’un combustible d’un autre temps sombre dans l’oubli.

Après Chypre, le Luxembourg, Malte et les trois États baltes, la Belgique est le septième – et plus grand – pays de l’Union européenne qui se passera désormais de charbon. La dernière centrale au charbon d’Écosse a elle aussi fermé définitivement ses portes cette semaine. Et cette tendance se confirme, surtout depuis la signature de l’accord de Paris sur le climat, à la fin de l’année dernière. En effet, suite à cet accord historique, seule l’énergie renouvelable a encore de l’avenir. Le Royaume-Uni et l’Autriche prévoient d’abandonner le charbon d’ici 2025, et le Portugal déjà d’ici 2020.

En Belgique, l’histoire du charbon remonte bien loin. Déjà au temps des Romains, on en extrayait en Wallonie, mais c’est lors de l’avènement de la machine à vapeur, au début du XIXe siècle, que l’exploitation minière a pris son essor. Celle-ci a ensuite connu un lent déclin, jusqu’à la fermeture de la dernière mine belge en 1992. En parallèle, les centrales au charbon ont fermé l’une après l’autre. Langerlo est la dernière.

Mais il s’en est fallu de peu que l’électricité tirée du charbon renaisse de ses cendres. En effet, en 2009, juste avant le sommet sur le climat de Copenhague, un projet de nouvelle centrale au charbon dans le port d’Anvers a vu le jour. Grâce aux actions menées par Greenpeace et aux centaines de recours introduits par des citoyens inquiets, le gouvernement flamand et la province d’Anvers y ont finalement renoncé. C’est ainsi que fut évitée une catastrophe tant pour le climat que pour notre santé, puisque le charbon est le combustible fossile le plus polluant.

La biomasse à grande échelle ne vaut pas mieux

Langerlo ne peut donc plus fonctionner au charbon, mais cette centrale semble ne pas encore avoir été amortie. En début d’année, son exploitant, E.ON, a vendu la centrale à German Pellets, qui veut exploiter la biomasse pour la remettre en route. Cela lui permettrait certes de toucher de faramineux subsides – jusqu’à 2 milliards d’euros en 10 ans – mais l’utilisation de granulés de bois nord-américains ne constitue vraiment pas une solution durable. Les émissions de CO2 de certaines formes de biomasse sont même plus élevées que celles du charbon.

Et tout cela, alors que des alternatives durables telles que l’énergie éolienne ou solaire sont disponibles en abondance, à des prix qui ne cessent de baisser. C’est pourquoi celles-ci représentent un meilleur investissement que les projets d’exploitation de la biomasse à grande échelle qui s’évanouissent dès que leurs subsides se tarissent.

Les difficultés financières persistantes de German Pellets rendent d’autant plus improbable le redémarrage de Langerlo à la biomasse. Le choix des énergies solaire et éolienne s’impose donc si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques. Ainsi, nous faisons peut-être bien d’une pierre deux coups : la fin du charbon et la naissance d’une véritable ère « 100 % énergie renouvelable ».

Par Mathieu Soete
A lire sur le site greenpeace (01/04/16)