10 May 2013
Le rassemblement Avril indigène (Abril Indigena) qui se tient à Brasilia du 15 au 19 avril 2013, a pris la tournure d'une mini-révolution mardi 16/04 lorsque près de 300 indiens, dont le Cacique Raoni, ont envahi au Congrès la chambre des députés en plein débat parlementaire. L'évènement à secoué le Brésil et le pouvoir en place, qui s'évertuait jusqu'ici à faire la sourde oreille quant aux revendications des peuples autochtones sur leurs propres terres. Un groupe de travail incluant parlementaires et leaders indigènes a été créée en urgence. Le 18 avril, le Cacique Raoni devait rencontrer pour la première fois la présidente Dilma Rousseff avec 9 autres représentants indigènes, mais la visite n'a pas eu lieu. La Chef de l'Etat brésilien, dont le palais a également été assailli le jour du rendez-vous, a saisi le prétexte d'une réunion de dernière minute pour s'envoler vers le Venezuela.
2013, un Printemps Indien ?
Impressionnant rassemblement de près de 600 leaders issus de la diversité ethnique des peuples indigènes du Brésil, l’Abril Indigena (Avril Indigène) a peut-être planté les germes d'un "printemps indien" lorsque, ce mardi 16 avril 2013 vers 10h30, la moitié d'entre eux ont pris d'assaut en chantant et en dansant la salle plénière de la Chambre des Députés, à Brasilia, au beau milieu des débats. Cette manifestation pacifique, qu'il faut bien qualifier d'historique, à provoqué un véritable mouvement de panique parmi les députés dont la débandade a beaucoup fait jaser. Tambours, massues, bâtons et lances à la main, les indigènes ont informé qu’ils ne sortiraient pas tant que le président Alves ne les auraient pas écouté. La session ordinaire à été arrêtée...
"Avril Indigène"
C'est le plus grand événement annuel organisé au Brésil par les mouvements indigènes, "Avril Indigène" dénonce la dégradation galopante en matière de respect des droits des peuples autochtones. Cette mobilisation nationale appelée par les organisations autochtones et indigènes vise, chaque année, à réaliser pendant le mois d'avril des débats, des séminaires, des activités et des manifestations dans différentes régions du Brésil, et assure la continuité du Campement "Terre Libre" (Acampamento Terra Libre), dressé sur l'Esplanade des ministères à Brasilia, la capitale fédérale du Brésil.
En trois ans, "Avril indigène" a produit des documents et résolutions qui se rapportent aux grands axes de revendication du mouvement indigène, à savoir:
- la régularisation des terres indigènes,
- la santé et l'éducation différenciée,
- la gestion durable des terres autochtones
- les menaces sur les droits constitutionnels des peuples autochtones,
- la préservation du patrimoine culturel de ces peuples.
Ce rendez-vous annuel permet aux peuple indigènes d'interpeller de manière forte et donc audible le pouvoir brésilien et en particulier d'écorner l'image d'Epinal d'une oeuvre politique du président Lula sans aucune ombre au tableau. Les populations indigènes du Brésil ont en effet été les principaux dommages collatéraux. 'Avril Indigène' expose de façon structurée les fondements de leur résistance à un projet de colonisation qui reste à ce jour déguisé en néolibéralisme, qui soutient la violence, la concentration des terres et de la richesse, la discrimination ce celui qui est différent, et travaille principalement à restreindre les droits des peuples autochtones constitutionnellement garantis, après tant d'années de lutte.*
L'édition 2013 d'Avril Indigène se tient dans un climat tendu en raison de l'offensive de la bancada ruralista (un front parlementaire qui agit pour la défense des intérêts des proprietaires ruraux expansionnistes) au Congrès national, de la mise en place de mesures d'exception par la présidence de la République (propositions de changements constitutionnels quant au droit à la terre, publication d'une ordonnance permettant l'utilisation de la Force nationale contre des communautés s'opposant à la construction de grandes entreprises ou structures, tels les grands barrages), et d'une mobilisation de la population sans précédent pour soutenir le peuple Guarani-Kaiowa, récemment menacé d'expulsion de leur propres terres.
Les 600 représentants indigènes du Brésil présents sont donc venus participer à Brasilia, à la "semaine de l'Indien", temps fort d'Avril Indigène, non pas pour célébrer une date leur étant dédiée (le 19 avril est décrétée au Brésil journée nationale de l'Indien) mais pour montrer au pays et au monde qu'ils sont en résistance et qu'ils sont bien vivants, au-delà du folklore et des musées qui célèbrent leur art. "De nos récentes réunions nationales, durant lesquelles nous avons préparé des lettres aux autorités, aucune amélioration n'a jailli, rien n'a bougé. Je pense même que cela a empiré. Nous vivons en pleurant nos morts. Il est temps de donner la priorité à la vraie lutte pour la terre. Sans elle, nous ne sommes rien. L'argent qui nous est proposé ici et là n'est pas une substitution, il engendre la division. Dans la guerre que nous devons mener, il nous faut rire, pas pleurer. Désormais, nous ne faisons plus la guerre entre nous et nous savons qui sont nos ennemis », a souligné le chef Babau de l'ethnie Tupinambás (Serra do Padeiro - BA)."**
PEC 215 : Négociations infructueuses
C'est donc dans le cadre de cet "Avril Indigène" que les principaux leaders indiens du Brésil, le grand Cacique Raoni en chef de file, se sont rendu au Congres National dans la matinée du mardi 16 avril, pour participer à la réunion du Front Parlementaire de Soutien aux Peuples Autochtones. Près de 300 indigènes étaient présents lorsque l'échec d'une tentative de négociation avec le président de la Chambre des députes, Mr. Henrique Alves, a mis le feu aux poudres. Le principal sujet de débat était la déclaration de création d’une commission ayant pour but d'analyser la proposition de loi PEC 215, qui propose un amendement à la constitution qui transfererait au Congres National le pouvoir de décision sur les terres indigènes, ce qui permettrait la révision de terres démarquées déjà homologuées. Elle mettrait aussi sans doute un terme, en raison de la pression des industriels et des financiers, à toute possibilité de nouvelle homologation ou démarcation. Une stratégie qui n'est pas sans rappeler celle adoptée par les Etats-Unis aux XVIIIème et XIXème siècles et qui a mené aux tragédies humanitaires et culturelles que l'on sait.
Les terres du Xingu pourraient êtres directement affectées à très court terme par cette loi, notamment le territoire du Cacique Raoni, qui à profité de sa venue à Brasília pour partager sa vision de cette situation : « nous sommes totalement opposés à cette invasion déguisée de nos terres. Nous en sommes les premiers habitants. L'homme blanc est en train de nous donner des ordres, nous n’aimons pas cela. Il faut nous respecter. » Une autre loi qui compromet les peuples autochtones est la PEC 237 qui permettrais la concession de terres indigènes aux producteurs ruraux.
Cacique Raoni : "le blanc ne nous respecte pas, il est en train de nous tuer".
Microphone à la main, le Cacique Raoni à demandé la révocation de cette commission. « Président, vous devez parler avec vos parlementaires pour qu’ils respectent les peuples autochtones. La PEC 215 est en train de causer des problèmes pour les peuples indigènes. Je n’accepterais jamais la déforestation dans les terres indigènes, la prospection minière dans nos territoires. Les grands barrages hydroélectriques (...) Le blanc ne nous respecte pas ; il est en train de nous tuer. Nous devons preparer un document et le donner à la présidente Dilma [pour qu']elle nous respecte ».
Terrorisés par l'irruption inopinée des leaders indigènes, les députés s'enfuient en courant et trouvent refuge sur une estrade
Suite à l’insuccès de cette négociation, les 300 indigènes présents ont commencé une manifestation pacifique et entamé chants et danses typiques sous les cameras des principaux médias brésiliens. Comme toujours dans les protestations autochtones, ils se sont dirigés en dansant jusqu’au Salon Vert, qui précède la chambre des députés, alors en pleine session. Mais au lieu de gagner la sortie, ils ont ensuite, à la surprise générale et dans un acte historique, commencé à menacer de de pénétrer dans l'enceinte fermée de la chambre des députés. Bien que renforcée, la sécurité n'est pas parvenue à résister à la pression des 300 indiens survoltés, qui se sont soudainement engouffrés dans la plénière, provoquant la panique parmi les élus, dont un nombre important se sont enfuis en courant visiblement terrorisés par ces danses et ces chants !
Dans un article publié par la CIMI (Conselho Indigenista Missionário : Conseil Indigéniste Missionnaire), la journaliste Elaine Tavares analyse la réaction des députés : " La scène jouée par les députés serait risible si elle ne faisait clairement état de ce qu'ils pensent des Indiens. Les "costumes-cravates" se sont précipités, désespérés, quand ils ont vu un petit groupe d'indigènes effectuant des danses rituelles autochtones avancer dans l'allée de la plénière. Pour eux, ces hommes et ces femmes ne sont rien de plus que des sauvages, dangereux et menaçants. Ils ne les voient pas comme des citoyens brésiliens, égaux à eux en matière de droits et de devoirs. Les députés se sont précipités, pourquoi? Par peur? Et pourquoi devraient-ils avoir peur? Parce qu'ils savent très bien ce qu'ils font et comment ils traitent les peuples autochtones dans ce pays. "
La sortie "honorable" des députés humiliés
Armés de leurs tambours, bâtons et lances, les indigènes ont informé qu’ils ne sortiraient pas de la plénière tant que le Président de la Chambre, Henrique Eduardo Alves (PMDB-RN), ne les aurait pas écoutés. La session ordinaire a été arrété. Vers 19h00, la majeure partie d'entre eux ont accepté de sortir pendant que les principaux leaders, menés par le Cacique Raoni, se réunissaient autour d'Henrique Alves. Cacique Raoni : « President, vous devez discuter avec les parlementaires et leur demander de respecter les peuples indigènes. La PEC est une plaie pour nous tous ».
A l'issue de cette réunion, il a été annoncé le report du vote de la PEC 215, prévu ce semestre, la suspension de la création de la commission spéciale permettant d'examiner le bien-fondé de cet amendement proposé à la Constitution (PEC) et la création d'un groupe de travail conjoint entre députés et leaders indigènes pour discuter de sujets d'intérêt pour les peuples autochtones. Cette victoire à été célébrée par les indigènes dans le Salon Vert, mais ils veulent désormais que cette loi soit tout simplement jétée aux oubliettes.
Danses et tambours ont fait plier le pouvoir : annonce officielle de la création d'une commission constituée de parlementaires et de leaders indigènes
Le lendemain de ce coup d'éclat, le président de la Chambre Henrique Alves a publiquement confirmé la création de ce groupe de travail et s'est engagé à ce que les premières discussions portent sur la proposition d'amendement à la Constitution (PEC 215). Alves a également, comme promis devant les caméras la veille, officiellement suspendu la mise en place du comité spécial chargé d'examiner la PEC au cours du premier semestre de cette année.
Le collège créé par Alves se compose de dix parlementaires et des représentants des communautés autochtones. Il sera coordonné par le député Lincoln Portela (PR-MG) et aura comme membres les députés Chico Alencar (PSOL-RJ), Ronaldo Caiado (DEM-GO), Sarney Fils (PV-MA), le père Tom (PT-RO), Bernardo Santana de Vasconcellos (PR-MG), Domingos Dutra (PT-MA), Edio Lopes (PMDB-RR), Moreira Mendes (PSD-RO) et Ricardo Tripoli (PSDB-SP).
L'espoir a germé au cours de cet Avril Indigène qui pourrait, bien plus tôt qu'on ne le pense, devenir l'acte fondateur d'un "Printemps Indien".
Lire l'article sur le site de raoni (18/04/2013)
2013, un Printemps Indien ?
Impressionnant rassemblement de près de 600 leaders issus de la diversité ethnique des peuples indigènes du Brésil, l’Abril Indigena (Avril Indigène) a peut-être planté les germes d'un "printemps indien" lorsque, ce mardi 16 avril 2013 vers 10h30, la moitié d'entre eux ont pris d'assaut en chantant et en dansant la salle plénière de la Chambre des Députés, à Brasilia, au beau milieu des débats. Cette manifestation pacifique, qu'il faut bien qualifier d'historique, à provoqué un véritable mouvement de panique parmi les députés dont la débandade a beaucoup fait jaser. Tambours, massues, bâtons et lances à la main, les indigènes ont informé qu’ils ne sortiraient pas tant que le président Alves ne les auraient pas écouté. La session ordinaire à été arrêtée...
"Avril Indigène"
C'est le plus grand événement annuel organisé au Brésil par les mouvements indigènes, "Avril Indigène" dénonce la dégradation galopante en matière de respect des droits des peuples autochtones. Cette mobilisation nationale appelée par les organisations autochtones et indigènes vise, chaque année, à réaliser pendant le mois d'avril des débats, des séminaires, des activités et des manifestations dans différentes régions du Brésil, et assure la continuité du Campement "Terre Libre" (Acampamento Terra Libre), dressé sur l'Esplanade des ministères à Brasilia, la capitale fédérale du Brésil.
En trois ans, "Avril indigène" a produit des documents et résolutions qui se rapportent aux grands axes de revendication du mouvement indigène, à savoir:
- la régularisation des terres indigènes,
- la santé et l'éducation différenciée,
- la gestion durable des terres autochtones
- les menaces sur les droits constitutionnels des peuples autochtones,
- la préservation du patrimoine culturel de ces peuples.
Ce rendez-vous annuel permet aux peuple indigènes d'interpeller de manière forte et donc audible le pouvoir brésilien et en particulier d'écorner l'image d'Epinal d'une oeuvre politique du président Lula sans aucune ombre au tableau. Les populations indigènes du Brésil ont en effet été les principaux dommages collatéraux. 'Avril Indigène' expose de façon structurée les fondements de leur résistance à un projet de colonisation qui reste à ce jour déguisé en néolibéralisme, qui soutient la violence, la concentration des terres et de la richesse, la discrimination ce celui qui est différent, et travaille principalement à restreindre les droits des peuples autochtones constitutionnellement garantis, après tant d'années de lutte.*
L'édition 2013 d'Avril Indigène se tient dans un climat tendu en raison de l'offensive de la bancada ruralista (un front parlementaire qui agit pour la défense des intérêts des proprietaires ruraux expansionnistes) au Congrès national, de la mise en place de mesures d'exception par la présidence de la République (propositions de changements constitutionnels quant au droit à la terre, publication d'une ordonnance permettant l'utilisation de la Force nationale contre des communautés s'opposant à la construction de grandes entreprises ou structures, tels les grands barrages), et d'une mobilisation de la population sans précédent pour soutenir le peuple Guarani-Kaiowa, récemment menacé d'expulsion de leur propres terres.
Les 600 représentants indigènes du Brésil présents sont donc venus participer à Brasilia, à la "semaine de l'Indien", temps fort d'Avril Indigène, non pas pour célébrer une date leur étant dédiée (le 19 avril est décrétée au Brésil journée nationale de l'Indien) mais pour montrer au pays et au monde qu'ils sont en résistance et qu'ils sont bien vivants, au-delà du folklore et des musées qui célèbrent leur art. "De nos récentes réunions nationales, durant lesquelles nous avons préparé des lettres aux autorités, aucune amélioration n'a jailli, rien n'a bougé. Je pense même que cela a empiré. Nous vivons en pleurant nos morts. Il est temps de donner la priorité à la vraie lutte pour la terre. Sans elle, nous ne sommes rien. L'argent qui nous est proposé ici et là n'est pas une substitution, il engendre la division. Dans la guerre que nous devons mener, il nous faut rire, pas pleurer. Désormais, nous ne faisons plus la guerre entre nous et nous savons qui sont nos ennemis », a souligné le chef Babau de l'ethnie Tupinambás (Serra do Padeiro - BA)."**
PEC 215 : Négociations infructueuses
C'est donc dans le cadre de cet "Avril Indigène" que les principaux leaders indiens du Brésil, le grand Cacique Raoni en chef de file, se sont rendu au Congres National dans la matinée du mardi 16 avril, pour participer à la réunion du Front Parlementaire de Soutien aux Peuples Autochtones. Près de 300 indigènes étaient présents lorsque l'échec d'une tentative de négociation avec le président de la Chambre des députes, Mr. Henrique Alves, a mis le feu aux poudres. Le principal sujet de débat était la déclaration de création d’une commission ayant pour but d'analyser la proposition de loi PEC 215, qui propose un amendement à la constitution qui transfererait au Congres National le pouvoir de décision sur les terres indigènes, ce qui permettrait la révision de terres démarquées déjà homologuées. Elle mettrait aussi sans doute un terme, en raison de la pression des industriels et des financiers, à toute possibilité de nouvelle homologation ou démarcation. Une stratégie qui n'est pas sans rappeler celle adoptée par les Etats-Unis aux XVIIIème et XIXème siècles et qui a mené aux tragédies humanitaires et culturelles que l'on sait.
Les terres du Xingu pourraient êtres directement affectées à très court terme par cette loi, notamment le territoire du Cacique Raoni, qui à profité de sa venue à Brasília pour partager sa vision de cette situation : « nous sommes totalement opposés à cette invasion déguisée de nos terres. Nous en sommes les premiers habitants. L'homme blanc est en train de nous donner des ordres, nous n’aimons pas cela. Il faut nous respecter. » Une autre loi qui compromet les peuples autochtones est la PEC 237 qui permettrais la concession de terres indigènes aux producteurs ruraux.
Cacique Raoni : "le blanc ne nous respecte pas, il est en train de nous tuer".
Microphone à la main, le Cacique Raoni à demandé la révocation de cette commission. « Président, vous devez parler avec vos parlementaires pour qu’ils respectent les peuples autochtones. La PEC 215 est en train de causer des problèmes pour les peuples indigènes. Je n’accepterais jamais la déforestation dans les terres indigènes, la prospection minière dans nos territoires. Les grands barrages hydroélectriques (...) Le blanc ne nous respecte pas ; il est en train de nous tuer. Nous devons preparer un document et le donner à la présidente Dilma [pour qu']elle nous respecte ».
Terrorisés par l'irruption inopinée des leaders indigènes, les députés s'enfuient en courant et trouvent refuge sur une estrade
Suite à l’insuccès de cette négociation, les 300 indigènes présents ont commencé une manifestation pacifique et entamé chants et danses typiques sous les cameras des principaux médias brésiliens. Comme toujours dans les protestations autochtones, ils se sont dirigés en dansant jusqu’au Salon Vert, qui précède la chambre des députés, alors en pleine session. Mais au lieu de gagner la sortie, ils ont ensuite, à la surprise générale et dans un acte historique, commencé à menacer de de pénétrer dans l'enceinte fermée de la chambre des députés. Bien que renforcée, la sécurité n'est pas parvenue à résister à la pression des 300 indiens survoltés, qui se sont soudainement engouffrés dans la plénière, provoquant la panique parmi les élus, dont un nombre important se sont enfuis en courant visiblement terrorisés par ces danses et ces chants !
Dans un article publié par la CIMI (Conselho Indigenista Missionário : Conseil Indigéniste Missionnaire), la journaliste Elaine Tavares analyse la réaction des députés : " La scène jouée par les députés serait risible si elle ne faisait clairement état de ce qu'ils pensent des Indiens. Les "costumes-cravates" se sont précipités, désespérés, quand ils ont vu un petit groupe d'indigènes effectuant des danses rituelles autochtones avancer dans l'allée de la plénière. Pour eux, ces hommes et ces femmes ne sont rien de plus que des sauvages, dangereux et menaçants. Ils ne les voient pas comme des citoyens brésiliens, égaux à eux en matière de droits et de devoirs. Les députés se sont précipités, pourquoi? Par peur? Et pourquoi devraient-ils avoir peur? Parce qu'ils savent très bien ce qu'ils font et comment ils traitent les peuples autochtones dans ce pays. "
La sortie "honorable" des députés humiliés
Armés de leurs tambours, bâtons et lances, les indigènes ont informé qu’ils ne sortiraient pas de la plénière tant que le Président de la Chambre, Henrique Eduardo Alves (PMDB-RN), ne les aurait pas écoutés. La session ordinaire a été arrété. Vers 19h00, la majeure partie d'entre eux ont accepté de sortir pendant que les principaux leaders, menés par le Cacique Raoni, se réunissaient autour d'Henrique Alves. Cacique Raoni : « President, vous devez discuter avec les parlementaires et leur demander de respecter les peuples indigènes. La PEC est une plaie pour nous tous ».
A l'issue de cette réunion, il a été annoncé le report du vote de la PEC 215, prévu ce semestre, la suspension de la création de la commission spéciale permettant d'examiner le bien-fondé de cet amendement proposé à la Constitution (PEC) et la création d'un groupe de travail conjoint entre députés et leaders indigènes pour discuter de sujets d'intérêt pour les peuples autochtones. Cette victoire à été célébrée par les indigènes dans le Salon Vert, mais ils veulent désormais que cette loi soit tout simplement jétée aux oubliettes.
Danses et tambours ont fait plier le pouvoir : annonce officielle de la création d'une commission constituée de parlementaires et de leaders indigènes
Le lendemain de ce coup d'éclat, le président de la Chambre Henrique Alves a publiquement confirmé la création de ce groupe de travail et s'est engagé à ce que les premières discussions portent sur la proposition d'amendement à la Constitution (PEC 215). Alves a également, comme promis devant les caméras la veille, officiellement suspendu la mise en place du comité spécial chargé d'examiner la PEC au cours du premier semestre de cette année.
Le collège créé par Alves se compose de dix parlementaires et des représentants des communautés autochtones. Il sera coordonné par le député Lincoln Portela (PR-MG) et aura comme membres les députés Chico Alencar (PSOL-RJ), Ronaldo Caiado (DEM-GO), Sarney Fils (PV-MA), le père Tom (PT-RO), Bernardo Santana de Vasconcellos (PR-MG), Domingos Dutra (PT-MA), Edio Lopes (PMDB-RR), Moreira Mendes (PSD-RO) et Ricardo Tripoli (PSDB-SP).
L'espoir a germé au cours de cet Avril Indigène qui pourrait, bien plus tôt qu'on ne le pense, devenir l'acte fondateur d'un "Printemps Indien".
Lire l'article sur le site de raoni (18/04/2013)