L’Argentine adopte un impôt sur la fortune pour lutter contre la pandémie
Dans ce pays d’Amérique latine durement frappé par le Covid-19, une “contribution extraordinaire de solidarité” a été votée vendredi par le Sénat. Elle concerne 12 000 personnes et devrait rapporter 3 milliards d’euros.

Les (très) riches Argentins vont devoir s’acquitter d’un impôt exceptionnel de solidarité pour financer la lutte contre la pandémie. Vendredi 4 décembre, “sept mois après l’annonce de la mesure et en dépit de vives critiques, la majorité au Sénat a adopté la loi créant un impôt extraordinaire sur les grandes fortunes, présentée par [le fils de la vice-présidente, Cristina Kirchner] Máximo Kirchner en avril”, annonce Clarín.

Quelque 12 000 personnes, dont le patrimoine dépasse 200 millions de pesos (environ 2 millions d’euros), seront mises à contribution. Le gouvernement du président Alberto Fernández espère ainsi lever 307 milliards de pesos (3,1 milliards d’euros), souligne le premier quotidien argentin.

L’Argentine, avec 1,5 million de cas confirmés et 40 000 morts du Covid-19 pour une population de 45 millions d’habitants, “a été durement touchée par la pandémie”, rappelle la BBC. Le pays, qui était déjà en récession depuis 2018, a subi un confinement de plus de six mois qui a encore plus “nui à son économie, en butte au chômage, à des niveaux élevés de pauvreté et à une dette publique massive”.
La “taxe des millionnaires”

La “contribution extraordinaire de solidarité”, surnommée la “taxe des millionnaires”, servira à financer “les mesures contre le coronavirus, y compris les fournitures médicales et l’aide aux pauvres et aux petites entreprises”, précise le Buenos Aires Times. “Quelque 20 % des fonds récoltés iront aux achats de médicaments et de vaccins, 20 % aux aides et crédits aux PME, 20 % au programme de bourses pour les étudiants Progresar, 15 % au développement des quartiers populaires et 25 % à l’exploration et à la production de gaz naturel”, détaille Clarín.

L’opposition de centre droit dénonce “un projet ‘confiscatoire’ qui instaure une ‘double imposition’”. Le sénateur Carlos Caserio, membre de la commission chargée du projet de loi, défend au contraire cette “contribution unique et ponctuelle” qui permettra au pays de faire face à “une situation tragique et exceptionnelle”. Il résume : Nous sortons de cette pandémie comme d’autres pays sont sortis de la guerre mondiale, avec des milliers de morts et une économie dévastée.”

Si l’Argentine est le premier pays au monde à instaurer un impôt sur la fortune pour financer son combat contre le Covid-19, elle “n’est pas le seul à envisager ce genre de mesures, rappelle Hernán Letcher, directeur du Cepa (Centre d’économie politique argentine) dans le Buenos Aires Times. Au moins 11 pays d’Europe et d’Amérique latine réfléchissent à de nouvelles lois en faveur d’une plus grande justice fiscale.”

Lire sur le site de Courrier International (17/12/2021)