Des salariés sans-papiers dénoncent leur exploitation, ils obtiennent gain de cause !
Depuis mardi 3 octobre, 24 salariés sans-papiers travaillant pour la société de nettoyage Albiance, sous-traitante de Burger King, occupent le restaurant de la place de la République à Paris. Dénonçant le sous-paiement, l’insécurité et le non-respect de leurs droits, les salariés ont réussi à obtenir gain de cause !

La formule a de quoi surprendre : des travailleurs irréguliers dénonçant l’illégalité des pratiques d’un établissement installé en France. Et pourtant, à entendre leurs revendications, rien ne pourrait être plus justifié.

24 personnes sans-papiers avaient été embauchées par Albiance, un sous-traitant des restaurant Burger King en Ile de France chargé du nettoyage des restaurants de République, Gare de l’Est, La Défense, Barbès, Rosny-sous-Bois et Aulnay-sous-Bois, d’après France bleu.

Soutenus par la CGT, les 24 salariés s’étaient mis en grève et avaient occupé le restaurant de République pour dénoncer les conditions de travail qu’ils subissaient – la société profitant de la situation des travailleurs pour nier leurs droits salariaux. Après une réunion tenue mercredi soir entre la CGT, la société Albiance et les responsables Burger King, toutes les revendications des grévistes ont été entendues !

La CGT dénonçait notamment la sous-évaluation des contrats qui « sont payés et déclarés 3 heures par jour » pour un travail d’au moins 5 à 6 heures. Les heures supplémentaires n’étaient ainsi pas payées, pour certains cela représentait jusqu’à 150 heures par mois ! Par ailleurs, la CGT dénonçait le fait que les travailleurs « font la plonge, nettoient sans équipement de protection » et « doivent acheter eux-mêmes leurs équipements ».
Ainsi, la société Albiance s’est engagée à :
– Signer les formulaires CERFA qui certifie de l’emploi de ces derniers et facilite les procédures de régularisation
– Payer l’ensemble des heures supplémentaires impayées
– Réévaluer à la hausse la durée de travail contractuelle
– Fournir l’équipement nécessaire aux employés (gants, combinaisons, grattoirs etc.)

La chaîne de restauration rapide a toutefois souligné qu’il s’agissait des employés de l’entreprise prestataire, et donc qu’ils attendraient « des explications sur les faits extrêmement graves qui lui sont imputés ». Si bien entendu la responsabilité directe revient à Albiance, n’oublions pas que les pressions exercées par les grandes firmes sur leurs prestataires poussent ceux-ci à avoir recours à des pratiques dangereuses ou illégales.
Grâce à cette mobilisation, la préfecture de Paris s’est engagée à étudier les demandes de régularisation de ces sans-papiers. Bientôt une deuxième victoire ?

Par Auguste Bergot

A lire sur lareleveetlapeste.fr (05/10/2017)