Des passagers au départ de Bruxelles empêchent l'expulsion d'un Éthiopien
Les faits se sont produits mardi soir, à bord du vol Bruxelles – Addis-Abeba opéré par Ethiopian Airlines. L’avion était censé renvoyer l’Ethiopie Tesfay, un jeune éthiopien expulsé par la Belgique. Mais c’était sans compter sur la rébellion d’une partie des passagers à bord. Ceux-ci avaient en fait été alertés sur cette expulsion avant le vol, dans l’aéroport, par deux sympathisantes de la plateforme d’aide aux migrants dont Anne-Catherine de Neve : "Nous avons essayé d’en parler aux passagers. Nous leur avons expliqué la situation à chacun, individuellement. Nous n’avons pas fait d’esclandre, nous avons juste traîné autour des quatre ou cinq guichets du vol. Nous ne leur avons rien demandé, nous avons juste demandé s’ils savaient comment ils réagiraient. Moi-même, dans un cas pareil, je ne suis pas sûre que je le ferais".

Et visiblement les passagers ont réagi. De retour chez elles, les deux femmes apprennent qu’avant le départ de l’avion, plusieurs passagers se sont opposés à l’expulsion en se levant de leur siège et en refusant d’attacher leur ceinture de sécurité. Il semble que le jeune homme n’était pas bâillonné et a pu crier et appeler à l’aide au moment du départ, ce qui aurait créé un élan parmi certains passagers. Le calme est revenu une fois le jeune éthiopien débarqué de l’avion et donc l’expulsion annulée. L’avion a alors décollé avec environ 40 minutes de retard.

Sur les réseaux sociaux, Anne-Catherine Neve a tenu à remercier les passagers.
L'une des sympathisantes de la plateforme d'aide aux réfugiés remercie les passagers qui ont empêche l'expulsion

Des accusations de violences policières

Le récit de cette expulsion avortée ne s’arrête pas là. Anne-Catherine Neve dénonce des violences policières contre le jeune éthiopien : " En sortant de l’avion, il s’est fait frapper par six policiers, notamment à la colonne vertébrale. Il a des difficultés à marcher." L’homme a été transféré au centre fermé 127 bis où il a reçu ce matin la visite du député Ecolo Simon Moutquin et lui a expliqué avoir reçu des coups :" Il explique avoir été traîné, frappé, tiré par les cheveux. Il a reçu selon lui des coups au dos, à la colonne vertébrale avec de grosses chaussures. Il aurait été victime d’insultes racistes et de crachats au visage. Cela aurait duré une vingtaine de minutes, il y avait six policiers qui ont tous été auteurs de violences et d’insultes selon lui."

Afin de faire toute la clarté sur ces violences présumées, le député Ecolo a demandé la visite d’un médecin externe au centre fermé. Le témoignage recueilli sera également transmis à des avocats. Une requête de mise en liberté devrait être faite prochainement de même qu’une plainte pour coups et blessures devrait être déposée.

Par A.F. et PV (publié le 18/09/2019)
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