Contre la « numérisation de nos vies », Grenoble ressuscite les cabines téléphoniques
Grenoble, une Silicon Valley à la française

Forte de ses trois vallées, d’une industrie du silicium (silicon, en anglais), d’entreprises à la pointe de la microélectronique, de nombreuses start-up… Grenoble est parfois présentée comme la Silicon Valley française ! Une étiquette qui n’est pas du goût de tous : l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT) porte une revendication toute différente. En contrepoint de l’image d’innovation véhiculée par la ville de Grenoble, le collectif appelle à la lutte « contre la numérisation de nos vies, de notre société. Aujourd’hui, nous revendiquons le droit de vivre sans smartphone, sans être constamment tracé. »

Le numérique divise

Un article publié au printemps dernier dans le journal satirique local Le Postillon signe l’acte de naissance de l’OIRCT, célébré quelque temps plus tard par un concert de sonneries téléphoniques.
Ce collectif original est né d’un constat : « Chaque jour, l’étau se resserre de plus en plus pour les sans-portables ». L’article du Postillon met notamment en lumière l’expérience d’un homme sans smartphone, qui se voit refuser l’installation de la fibre au motif qu’il n’a pas répondu au SMS de confirmation envoyé la veille. Loin d’être anecdotique, cet épisode dévoile une réalité : sans smartphone, il est quasi impossible d’avoir accès aux services publics, ou d’effectuer certaines démarches. Une injustice selon les membres de l’OIRCT, qui pensent qu’il revient à chacun de décider ou non d’acheter un téléphone portable.

Le grand retour des cabines téléphoniques

Le 25 mars dernier a été inaugurée en grande pompe la première cabine téléphonique dans un parc de Grenoble. « Une première mondiale », a affirmé avec humour le collectif local qui a rassemblé une cinquantaine de curieux. Le Parisien s’est rendu sur place pour l’occasion : au programme, capsule temporelle et appels gratuits.

    “Des enfants tournent autour d’une cabine bariolée éphémère : « C’est quoi ce truc ? Pourquoi on s’enfermait pour téléphoner avant ? » s’interrogent-ils.”
    Le Parisien


Bien lancé, le collectif réclame l’installation de 22 cabines à Grenoble, qui en comptait 400 avant l’ère du portable. Si l’initiative est présentée comme une blague, les motifs, eux, sont très sérieux : « On n’est ni nostalgique, ni pour le retour du minitel. La cabine téléphonique est un symbole pour dire stop à la numérisation de nos vies », expliquent les membres de l’OIRCT pour Le Parisien.

Par Lucie Le May (publié le 05/05/2022)
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