Contre l’obsolescence des smartphones et des machines à laver, l’indice de réparabilité devient obligatoire
Depuis le 1er janvier, un indice de réparabilité doit figurer sur les descriptifs de cinq appareils, dont les smartphones et les machines à laver. Objectif : inciter les consommateurs à choisir des produits durables et les fabricants à privilégier l’écoconception. Reste à veiller à ce qu’il tienne ses promesses.

Le smartphone que l’on est contraint d’abandonner parce que les mises à jour ont été arrêtées sur ce modèle. La machine à laver indémontable dont seule une pièce est usée, qui finit à la benne. Le clavier d’ordinateur qui a pris l’eau mais qu’on ne peut remplacer parce qu’il n’est plus fabriqué. La télé qui pourrait bénéficier d’une nouvelle jeunesse, mais cela coûte moins cher d’en acheter une neuve… Plein de bonne volonté, vous avez sans doute déjà espéré réparer un appareil vous ayant rendu de bons et loyaux services... avant de vous rendre à la loi de l’obsolescence programmée, et de le déposer à la déchetterie. L’indice de réparabilité, mis en place le 1er janvier, vise à éviter ce genre de situation.

À la manière de l’« étiquette énergie » ou du nutriscore, cet indice doit désormais figurer sur les descriptifs de cinq appareils : les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les machines à laver et les tondeuses à gazon. Coloré du rouge au vert, allant de zéro à dix, il doit permettre au consommateur de repérer en un clin d’œil si l’appareil qu’il convoite est facilement réparable.

Les produits sont notés par les constructeurs eux-mêmes, mais ceux-ci doivent suivre des critères précis : la facilité de démontage de l’appareil, la disponibilité des pièces détachées, leur prix, l’accès à la documentation permettant la réparation et enfin un critère spécifique à chaque appareil (informations sur les mises à jour pour les smartphones, présence d’un compteur d’usage sur les machines à laver, etc).

Obligatoire depuis le 1er janvier, l’indice va dans la pratique se généraliser peu à peu au cours de l’année. Les contrôles et éventuelles sanctions ne tomberont qu’en 2022. Le ministère de l’Écologie n’a pas donné d’échéance, mais il est prévu de l’étendre à d’autres appareils similaires. Et en 2024, l’indice de réparabilité deviendra l’indice de durabilité, plus complet.
« Certaines marques vont devoir revoir la conception de leur produit pour éviter la mauvaise note »

L’objectif de l’indice de réparabilité est double. « D’abord, on veut inciter les fabricants à faire de l’écoconception, explique Erwann Fangeat, ingénieur au sein de la direction Économie circulaire et Déchets de l’Ademe (Agence de la transition écologique). Cela a fonctionné avec l’étiquette énergie : les équipements ont considérablement baissé leur consommation, au point que tous sont désormais au moins A+. »

« Certaines marques vont devoir revoir la conception de leur produit pour éviter la mauvaise note », avertit Laetitia Vasseur, déléguée générale de l’association Hop – Halte à l’obsolescence programmée. À titre d’exemple, Hop avait publié en 2019 un rapport sur les lave-linge. Il dénonçait une forte diminution de leur durée de vie, passée de dix ans en 2010 à sept ans en 2018. Et signalait « l’inaccessibilité [...] et le prix exorbitant de certaines pièces essentielles au bon fonctionnement de l’appareil et même des pièces d’usure (cartes électroniques, roulements et charbons moteur). Pour un certain nombre de marques (LG, Samsung,…), se pose la question de l’intentionnalité de l’irréparabilité », soulignait-il.

Le second but est d’inciter les consommateurs à se tourner vers des produits réparables, afin que le prix ne soit plus leur unique critère de choix. « Quand le prix est bas on se doute que c’est de mauvaise qualité, mais quand il est élevé, on n’a pas de garanties de la solidité de l’objet », explique Catherine Rolin, chargée de mission prévention et gestion des déchets à l’association France Nature Environnement. Cela pourrait aussi inciter les utilisateurs à réparer plus souvent leur appareil, car face à une panne, « seuls 36 % des Français en moyenne le réparent, alors qu’ils sont 54 % en moyenne à le remplacer », indique un rapport de l’Ademe. Le ministère de l’Écologie se fixe l’objectif d’arriver à 60 % de réparation d’ici cinq ans...

Par Marie Astier (publié le 04/02/2021)
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