Censure : la justice donne raison au média « Reflets » contre Patrick Drahi
Le média Reflets pourra publier de nouvelles enquêtes sur le groupe Altice, propriété du milliardaire Patrick Drahi. La cour d’appel de Versailles (Yvelines) a annulé, jeudi 19 janvier, la décision du tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui avait ordonné en octobre, au nom du « secret des affaires », une censure préventive du site.

« C’est une victoire pour la presse et l’investigation, mais c’est aussi une victoire du droit », a déclaré le rédacteur en chef du site d’investigation, Antoine Champagne, au média en ligne StreetPress.

Reflets avait été attaqué par Altice pour avoir publié, en septembre 2022, une série d’articles sur le train de vie de Patrick Drahi, ses investissements aux Caraïbes, ainsi que ses pratiques d’optimisation fiscale. Ces informations avaient été obtenues en analysant plusieurs milliers de documents piratés à Altice et mis en ligne par un groupe de pirates russes.

« Procès-baillon »

Le groupe avait immédiatement saisi en référé le tribunal de commerce, et demandé la suppression des articles de Reflets au nom d’un « trouble manifestement illicite », a raconté Mediapart. Il exigeait qu’il soit interdit à ses journalistes d’exploiter davantage les données piratées, en raison du « dommage imminent » qu’ils pourraient causer au groupe.

Soutenu par les organisations de journalistes, Reflets avait dénoncé un « procès-baillon » destiné à « faire taire » la profession. « La presse n’est pas et ne doit pas être une simple caisse de résonance au service de gouvernements, de personnalités ou d’entreprises, a rappelé son rédacteur en chef dans StreetPress. Nous ne sommes pas là pour republier des communiqués de presse, mais pour enquêter et servir d’outil, de rouage de la démocratie. »

Publié le 20/01/2023
A lire sur le site Reporterre