Algues vertes, l'État condamné : "Une victoire historique", déclare Alain Bonnec, le président de l'association Eau et rivières de Bretagne
À Lorient (Morbihan) plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 5 juin pour dénoncer la pollution aux algues vertes et une dizaine d'entre-elles se sont mises la tête dans le sable pour pointer du doigt la politique de l'autruche des politiques. Vendredi, le tribunal administratif de Rennes a demandé au préfet de Bretagne de prendre de nouvelles mesures dans les quatre mois concernant ce fléau qui touche désormais le sud de la région. Le plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes se chiffre à 7 millions d'euros par an. "Une victoire historique", déclare sur franceinfo ce soir, Alain Bonnec, le président de l'association Eau et rivières de Bretagne.

franceinfo : Comment expliquez-vous cette pollution aux algues vertes sur les côtes bretonnes ?

Alain Bonnec : On sait très bien que ces pollutions que l'on retrouve dans nos vasières, nos estrans sont liées aux nitrates d'origine animale, c’est-à-dire tous les effluents des élevages industriels massifs qui arrivent sur le littoral. Ils savent donc ce qu'ils ont à faire : diminuer le cheptel des élevages de poulets de chair, poules pondeuses, viande de bœuf et de porc. Ces pollutions d'algues vertes sont dangereuses pour la santé. Lors de la manifestation, un médecin urgentiste à Lannion a notamment fait le décompte des décès dû à cet envahissement d'algues : un jogger, un agent municipal qui récoltait ces algues et un puis un cheval qui s'était enlisé. Une autopsie a montré que le décès de l'animal avait été provoqué par l'hydrogène sulfuré que dégagent les algues en putréfaction. Et le phénomène se déplace désormais pour arriver sur les côtes sud de la Bretagne.

Depuis 40 ans, l'État lutte contre cette propagation avec un plan "algues vertes" de 7 millions d'euros par an. Pourquoi ces mesures n'ont pas eu d'effet ?

On en est à la même situation depuis 40 ans. Il y a toujours autant d'algues. Donc, maintenant, on leur donne un délai de quatre mois pour trouver des solutions. On est pessimistes. Il faut reconnaître que la qualité de certains cours d'eau s'améliore mais l'on part de loin, d'un taux de nitrate de 40 mg/l. Désormais, avec les efforts de la profession agricole, le taux de nitrate a diminué de moitié mais depuis quelques années il stagne voire a tendance à augmenter.

À la fin du mois, se tiendront les élections régionales, les candidats bretons se montrent-ils intéressés par le problème ?

On invite tous les soirs à 19 heures, des candidats aux questions transmises à l'association Eau et Rivières de Bretagne. Pendant un quart d'heure, tous les candidats qui ont bien voulu répondre se prêtent à l'exercice. D'autres n'ont pas souhaité répondre. L'ensemble est disponible par une captation internet.

Par franceinfo (publié le 05/06/2021)
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