Les dockers espagnols remportent une victoire contre Madrid
Le décret-loi du gouvernement, qui vise à libéraliser l’embauche dans les ports, a été rejeté, jeudi, par le Parlement.

Après des mois de négociations infructueuses avec le patronat et le gouvernement, de menaces de grève et de colère, les dockers espagnols ont emporté, jeudi 16 mars, une première victoire. Par 175 voix contre 142, le Parlement espagnol a rejeté le décret-loi qui libéralisait le secteur, et qui avait été approuvé, le 24 février, en conseil des ministres. C’est un sérieux revers pour le fragile exécutif conservateur de Mariano Rajoy, qui gouverne en minorité. Il n’est pas parvenu à rallier, à cette réforme controversée, les socialistes, qui exigeaient un accord préalable entre les dockers et le patronat. Il faut remonter à 1979, en pleine transition démocratique, pour trouver un cas similaire d’un décret du gouvernement censuré par le Parlement.

Les négociations doivent à présent reprendre au plus vite. Et pour cause : l’Espagne s’expose à une amende de 23 millions d’euros… En décembre 2014, la Cour de justice de l’Union européenne de Luxembourg a condamné le royaume pour le monopole qui régit le secteur.

En Espagne, les compagnies maritimes de fret sont obligées de prendre des parts dans des ­Sociétés anonymes de gestions des manutentionnaires portuaires (Sagep) et d’employer les dockers qui y sont affiliés. Ce système a permis aux 6 500 dockers espagnols de garantir leurs salaires élevés – 68 000 euros par an en moyenne, selon le patronat – et un régime de protection social avantageux.

« Ce qui s’est produit aujourd’hui n’est une victoire pour personne, a cependant insisté, jeudi, le porte-parole du syndicat Coordination des travailleurs de la mer, Antolin Goya, à la sortie du Parlement. C’est le point de départ d’une négociation qui doit aboutir à une solution pour répondre aux critères imposés par l’arrêt du tribunal de Luxembourg, tout en maintenant les droits des manutentionnaires portuaires. »

Mais, pour le gouvernement espagnol, pas question de céder dans ce conflit qui dure...

Par Sandrine Morel (17/03/2017)
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